John-Kare Hansen: Finnmark Fantasia
Le comté de Finnmark est une région qui se situe au nord de la Norvège et, au travers de sa musique, le guitariste rend hommage au peuple de cette région : les Sami. Ces éleveurs de rennes qui vivent dans cette région magnifique mais rude à certaines périodes, la Laponie. Petite anecdote apprise lors d’un voyage dans la région : ne demandez jamais à un éleveur de rennes combien il y a de bêtes, c’est comme si on nous demandait combien nous avons d’argent sur notre compte en banque ! Pour en revenir à ce disque, seulement deux écoutes ont suffi pour me faire tomber sous le charme de ce fantastique guitariste compositeur. Secondé d’un bidouilleur aux machines électroniques, aux programmations, et fournisseur de divers sons étranges, de trois musiciens qui se partagent les cordes (violon, violoncelle et contrebasse) et parfois d’une chanteuse, cet ensemble à la composition atypique nous transporte dans un magnifique trip musical. Une synthèse entre ambient, jazz et classique mais qui va aussi recevoir d’autres influences toutes aussi propices. Sous le couvert d’une guitare cristalline, ciselée, jazzy, qui enchaîne des mélodies toute en finesse, en légèreté, les autres instruments développent des rythmiques trip hop, osent de l’électro, de la dance, du lounge. Nous sommes transportés dans des ambiances ensorceleuses, un brin cinématographiques (le bruissement des pas dans la neige, qui craque sous le poids) à l’écoute de cette symphonie qui se pare souvent de romantisme dues aux interventions des cordes. John déclare que son Finnmark est beau, solide, fragile, exotique, qu’il alterne entre la chaleur puis la rudesse du froid mais son peuple se tient toujours droit, peu importe les situations. Ce sont tous ces ressentis qu’il nous transmet au travers d’un album vraiment remarquable. Et qui m’a quelque peu ramené vers « les carnets d’émeraude » pour ceux qui se souviennent de cette captivante émission radio. Découvrez vite cet album raffiné, sensible, court (7 titres ‐ 34 minutes) d’une immense beauté. Intemporel.
N.B. : Il y a quelques années, Jean-Marie Mathoul avait « abandonné » quelques exemplaires d’un album de son groupe – 48 Cameras – dans divers endroits stratégiques (un banc dans un parc, la Médiathèque, …), avec instructions pour celui qui s’en saisissait : renvoyer un commentaire à l’auteur. Il en fut de même pour ce disque de John-Kare Hansen offert aux passants sur le site du Vossa Jazz Festival (Norvège). Puisse-t-il lire un jour cette chronique… (NDLR)