John Scofield/Steve Swallow/Bill Stewart, Swallow Tales
John Scofield et Steve Swallow sont partenaires de longue date, et Bill Stewart est sans aucun doute le batteur le plus apprécié du guitariste. Dans une interview qu’il nous avait accordée en 2015, John Scofield ne tarissait pas d’éloges sur son batteur : “La première chose est qu’il est un grand musicien, pas seulement un batteur. Il joue aussi du piano… Bill comprend ce que tu fais quand il joue. Il peut créer, jouer en harmonie. Il comprend la musique. Parfois il est le meilleur soliste du groupe, c’est une chose. Deuxièmement, il swingue comme un fou et son timing est parfait. Certains batteurs sont parfois faux, mais lui jamais. Il comprend immédiatement les compositions. Certains batteurs disent: “Oh I have to find the beat”, mais Bill trouve tout de suite la façon de jouer un morceau… Je pense qu’il est le plus grand à la batterie.” Sans commentaires.
Avec Steve Swallow, l’histoire est longue aussi. Et entre les trois musiciens, beaucoup de choses se sont passées. Citons en trois : 1996, l’album “Quiet” avec aussi Wayne Shorter et des arrangements au cordeau du guitariste. 2003, “En Route”, un live au Blue Note, tout en énergie, en trio (Swallow/Stewart) cette fois. 2007, “This Meets That”, le trio encore mais cette fois étoffé par une section de quatre souffleurs et la participation de Bill Frisell sur “House of The Rising Sun”. Trois sélections parmi tant d’autres qui témoignent de la complicité du trio, mais aussi de sa diversité.
Avec “Swallow Tales”, les contes de Swallow, les histoires de l’hirondelle sortent au printemps et c’est une nouvelle fois un album lumineux, plus sobre sans doute – ECM oblige – qui met en évidence neuf compositions du bassiste. On y trouve ses compositions-standards, des pièces du répertoire devenues des standards, comme “Eiderdown” (joué ici en tempo rapide), “Hullo Bolinas” ou “Falling Grace” (un thème souvent joué par Eric Legnini et auquel Charles Loos a répondu par sa composition “Growling Face”)
Le guitariste au jeu souvent très groovy se fait ici plus mélodiste, son jeu plus épuré et sa créativité sans faille. Steve Swallow développe des lignes de basse pleines de surprises, son élégance naturelle ressort particulièrement dans les valses « She Was Young » et « Hullo Bolinas », tout comme sur « Away » (un thème déjà repris sur « Quiet » cité plus haut). Le tempo s’envole sur « Eierdown » et Bill Stewart confirme son statut de batteur d’exception. Un premier album ECM pour Scofield, un jalon qui marquera dans le parcours du guitariste.
Jean-Pierre Goffin