Johnny Richards & Dave King: The New Awkward
Nous sommes ici confrontés à de la musique par correspondance et de nouveau à un album « made in Covid time ». En sortirons-nous un jour ? Le pianiste compositeur de Leeds, Johnny Richards publie, sur son label, un CD qu’il a réalisé avec le batteur percussionniste américain Dave King, entre 2020 et 2021. Richards est issu de la scène jazz expérimentale, improvisée, est connu pour avoir cofondé Shatner’s Bassoon, publié deux albums piano solo et collaboré avec Graig Scott, Matthew Bourne et quelques autres. Quant à King, il a joué notamment avec Greg Norton de Hüsker Dü au sein de The Gang Font, avec Bill Frisell, Joshua Redman, Jeff Beck, Joe Lovano, mais il est surtout un des membres fondateurs du renommé trio The Bad Plus. Pour cet album en duo, c’est Richards qui a joué en premier lieu et enregistré sa partition, King a reçu ces « travaux » et rajouté ses percussions et sa batterie par-dessus. Après quelques échanges, l’affaire était entendue. Richards décrit ces morceaux comme de l’ « impossible music », affirme avoir été influencé par Schoenberg, Bach, par le minimalisme, par l’ambient, par Zappa, Mr Bungle, Radiohead, Robert Wyatt et même par nos Aksak Maboul ! C’est vrai que nous entendons ces influences, distillées au sein des compositions / improvisations, mais, personnellement, je trouve cette musique avant tout cinématographique. Dense et complexe (impossible d’être jouée en concert selon leurs dires). Une musique s’évadant dans de nombreuses directions : parfois des sonates déglinguées qui nous font imaginer des jouets qui se meuvent (« Sleepless In Settle »), de nombreuses notes sautillantes dues au piano, sur d’autres des ambiances plus graves, plus angoissantes (« False Doors »). Richards s’est « amusé » en jouant avec les cordes intérieures du piano, il a même utilisé un couteau pour les frotter ! Une manière anarchique de produire des sons indisciplinés et originaux ! Quant à King, il propose vraiment des choses « autres » aussi bien au niveau des rythmiques que des sons. Et le duo de nous emmener dans un univers multiple avec d’étonnantes configurations. Un univers dans lequel la complexité est omniprésente, mais loin d’être dénuée d’intérêts. Seul bémol, je trouve l’écoute d’une traite un brin épineuse.
