
Jon Balke : Skrifu
Depuis ses débuts chez le prestigieux label ECM il y a plus de 30 ans, le pianiste norvégien Jon Balke a varié les formules allant du big band (Magnetic North Orchestra) à des modèles plus épurés comme ses albums en solo. Dans ce nouvel effort solitaire, « Skrifum » (« Ecrire » en islandais), il propose 14 courtes pièces (entre 2 et 5 minutes) qui se développent lentement, laissant des espaces parfois assez longs entre les notes. Il y poursuit le travail de recherche initié avec ses albums solo précédents, « Warp » en 2016 et « Discourses » en 2020 : avec ces deux albums, il souhaitait traiter la musique et son environnement sonore. C’est ainsi qu’il affirmait lors de la sortie de « Warp » : « Quand tu joues en solo, il y a une réverbération dans le studio, une sorte d’écho. J’ai cherché à créer d’autres formes de réverbération autour du piano solo. C’est cette idée d’architecture sonore vers laquelle je tends ». A l’époque, Balke confrontait son jeu à des bruits de fond extérieurs, des sifflements, du vent, … Avec « Skrifum », Balke va plus loin : à l’aide d’un outil audio électronique, le Spektrafon (qu’il a développé avec un professeur de technologie à l’Académie Norvégienne de Musique), il est désormais capable de manipuler le son ambiant du piano, en activant la réverbération (tout cela a l’air un peu technique ; pour en comprendre davantage, on peut trouver sur YouTube une vidéo montrant Jon Balke utilisant ce nouvel outil). Avec ce disque, Balke persévère dans ses expérimentations sonores, ce qui peut déconcerter l’auditeur. Malgré tout, il s’agit d’une belle œuvre intimiste, qui développe un sentiment de quiétude, même si cette quiétude est parfois insolite.