Joshua Espinoza : Songs From Yesterday
Décidément, la fameuse pandémie de 2020 en a inspiré plus d’un. C’est le cas encore pour le « jeune » pianiste Joshua Espinoza. Il en a profité pour se replonger dans son enfance – durant laquelle il a dû affirmer son homosexualité et affronter le racisme envers ses origines mexicaines – et dans les musiques qui l’ont influencé. On y retrouve donc des reprises de Leonard Cohen (« Hallelujah »), de Billy Joel (« And So It Goes ») ou des Beatles (une très belle version de « Eleanor Rigby » ou « Yesterday », qui donne, en partie, son nom à l’album). On ressent chez Espinoza quelques influences inspirées de musiciens classiques, d’un côté, du style de Gabriel Fauré par exemple, et de Chick Corea ou de Ahmad Jamal de l’autre. Accompagné par Kris Monson (cb) et Jaron Lamar Davis (dm), le pianiste navigue entre un jeu alerte et introspection (« Adrift » qui ouvre l’album). Facile d’accès, et pourtant plus complexe qu’elle n’y paraît, la musique du trio réserve de belles surprises émotionnelles ou rythmiques. « Appalachian Wanderer » ou « Don’t Fan the Flame » sont sans doute deux titres qui définissent le mieux le caractère et la vision d’Espinoza : la fougue lumineuse sud-américaine alliée à la détermination venue du Nord. Pas de déballage virtuose cependant, mais une identité qui ne demande qu’à s’épanouir encore un tout petit peu. Belle découverte en tout cas.