JÜ : III

JÜ : III

RareNoiseRecords

JÜ nous vient de Hongrie, de Budapest précisément. Il s’agit d’un trio formé d’Andras Halmos (batterie et chant sur un titre), d’Ernö Hock (basse) et d’Adam Meszaros (guitare). Sur la moitié des dix titres de cet album, ils sont accompagnés de la chanteuse Dora Györfi et du bidouilleur électronique Balint Bolcso (déjà présent sur leur second album). Leur musique est envoûtante, parfois féroce, fascinante et quelquefois, elle s’assagit. Elle se décline entre différents styles et brille par de surprenantes interventions des trois musiciens sur une suite d’alternances entre le rock puissant, le progressif, le free jazz, le post punk ou de l’électro-punk acéré comme sur « Shashka ». Nous reconnaissons évidemment toute la liberté innée aux groupes radicaux des pays de l’Est, avec quelques rythmiques bien ancrées dans leur patrimoine régional, mais sur ce disque, le groupe accepte d’autres influences disparates. Dans le cadre de cet album c’est l’Asie du Sud-Est qui est principalement concernée. Le groupe diversifie son style en y introduisant de la musique gamelan d’Indonésie et des chants de dévotion extatique venus de l’Inde. La dernière plage, chantée par le batteur, étant une réelle dévotion indienne sur laquelle les deux autres membres improvisent. Il y a aussi un surprenant triptyque intitulé « Oak », « Ash » et « Thorn » qui inclut des airs folkloriques azerbaïdjanais. Il démarre en douceur, un rien spatial, se poursuit plus enlevé et s’achève en rock metal avec une rythmique prodiguée par des handclaps ! C’est relativement répétitif mais, à force, cela en devient hypnotique ! Sachez que ces musiciens ont aussi joué avec John Zorn, Eugene Chadbourne ou Chris Potter, et que tous ceux d’entre vous qui appréciez The Ex (et ses divers projets) devraient ici trouver leur bonheur. Je serais même tenté d’y ajouter les jeunes fervents des anglais de Black Midi. Une musique passionnante, innovante, vivifiante. Il n’y a rien à jeter, c’est superbe d’un bout à l’autre.

Claudy Jalet