Julian Gerstin : Music for the Exploration of Elusive Phenomena

Julian Gerstin : Music for the Exploration of Elusive Phenomena

Autoproduction

Le percussionniste américain Julian Gerstin est un spécialiste des musiques traditionnelles africaines et latines qu’il joue d’habitude avec son sextet, en y injectant une petite dose de jazz. Ce disque aurait dû être le produit d’une session en studio ou en concert avec les musiciens réunis au complet, mais le confinement en a décidé autrement. Issu comme tant d’autres albums d’un isolement forcé, « Music for the Exploration of Elusive Phenomena » est donc un enregistrement réalisé à distance via internet, Julian ayant demandé à une vingtaine de musiciens et chanteurs d’interpréter leur partie à domicile. La différence avec une captation normale en groupe reste toutefois peu perceptible : le son est chaleureux et tout a été imbriqué de manière cohérente grâce au travail de l’ingénieur du son qui a privilégié une bonne séparation des instruments ainsi qu’un mixage dynamique et aéré.

La musique, d’inspiration latine et/ou africaine, trouverait bien sa place dans la collection Putumayo : elle ondule comme un danseuse latino et dégage de la bonne humeur, en dépit de certains thèmes sérieux comme « American History » dans lequel la chanteuse Wanda Houston retrace 250 années de l’histoire turbulente de l’Amérique, ou « After the Sleep of Lies » dont le texte engagé est chanté par Sarah LeMieux. Plus léger, le reste du répertoire puise dans le style habituel du leader en proposant des musiques bigarrées de diverses origines. « La Casa Violeta » est un cha cha cha cubain à la Ibrahim Ferrer, « Too Happy to Sleep » renvoie aux danses africaines ghanéennes et nigérianes, « Beautiful Blur » trouve son inspiration au Brésil, tandis que « Remember and See » évoque le balancement typique des musiques de l’Afrique de l’Ouest. De temps en temps, ces morceaux sont zébrés par des interventions jazzy comme le solo de saxophone de Michael Zsoldos sur « The Almost Happy Camel » ou celui à la trompette de Don Anderson sur le précité « Remember and See ». Quant au leader, il fait une belle démonstration de son savoir-faire en combinant toutes sortes de percussions sur « All Day Every Day ».

Offrant des musiques dans des styles issus de différentes parties du monde, cet album sans grande prétention est d’abord destiné à apporter de la joie dans les familles à une époque plutôt sombre, en leur proposant même, comme l’illustre avec à propos la jolie pochette, de (re)danser sous les étoiles au clair de lune.

Pierre Dulieu