Julie Campiche Quartet : You Matter
Julie Campiche n’est pas du genre à lâcher l’affaire. Elle s’obstine à jouer de la harpe, d’abord. Puis à l’imposer dans son univers « jazz ». Elle ne lâche pas l’affaire côté engagements non plus. Les mots de Greta Thunberg ne sont pas anodins sur « Fridays of Hope », par exemple. Pas question de faire de la musique pour la musique. Son art doit être le vecteur pour nous alerter et nous faire prendre conscience des dérives et des dangers de notre société. Le plus incroyable, c’est qu’elle arrive à nous raconter tout cela en musique et sans parole. « You Matter »… Peut-on être plus clair ? Tout est question d’équilibre et de sensibilité dans cette musique envoûtante, de mises en garde et d’options de solutions. On navigue dans un univers fantomatique et fantasmé. Les compositions se laissent le temps de respirer, d’improviser. De s’interroger. Le sax profond et inquiétant de Leo Fumagalli vient en contrepoint de la harpe. Ou alors, au soprano, il compatit avec elle, comme sur l’indicible « Parenthèse ». Le drumming de Clemens Kuratle, sec et pourtant plein de résonances, agit comme un cœur battant. Apaisé et parfois excité. Et la contrebasse de Manu Hagmann, indispensable et discrète jusqu’à cette intervention sublime à l’archet sur « The Underestimated Power » est incroyable de bout en bout. Il y a un peu de l’esprit d’Alice Coltrane dans le jeu de Julie Campiche (comment ne pas penser à elle ?) mais il y a tellement de personnalité, de force et de sensibilité unique (la façon de pincer, gratter ou frotter les cordes) que cela nous transporte ailleurs. Grand disque, une fois de plus.
Julie Campiche en concert à la JazzStation (Bruxelles) ce vendredi 27 janvier.