Kalaha + Hila Kaya with Aarhus Jazz Orchestra : Tutku

Kalaha + Hila Kaya with Aarhus Jazz Orchestra : Tutku

April Records

Gros coup de cœur pour le second album de ces aventureux musiciens de Kalaha. Un inventif quatuor danois dont les membres se partagent guitare, batterie, percussions, synthés, laptop et chant. Un groupe qui propose une énergique fusion entre le jazz, la world turque, le rock psychédélique et la synthé-pop des eighties. Difficile de faire cette géniale mixture à quatre, d’où la présence de l’excellente chanteuse à la double nationalité danoise/turque, Hila Kaya, véritable atome central de l’album. Derrière ces cinq éléments de base, il y a le soutien d’un imposant et efficace big band cuivré formé d’une quinzaine de membres. On n’oubliera pas les neuf différents « arrangeurs » de l’Orchestra pour autant de titres, un bassiste et deux backing vocalistes. Cela fait du monde mais le résultat est à la hauteur.

Si les quelques premières mesures de la plage titulaire se présentent comme un souffle, comme du contemplatif, la suite est d’une belle vitalité, d’une brillante originalité. Avec l’omniprésente envie d’offrir des rythmes dansants, qu’ils soient d’influences synthé-pop orientales (le chaloupant « çok Küstüm »), reggae dub planant (« Dinle Dünya »), jazz big band strié d’électro (« Evlya »), disco/funk (l’irrésistible « Disko Yolu »), jazz/metal/goth (le géant « Ince Ince »), l’intro musique sacrée tibétaine de « Laga Guga » et la déferlante fusion entre percussions et cuivres sur l’instrumental « Ekmek Fabrik » qui achève toutes ces prouesses et l’album ! … Un descriptif élogieux de tous les titres pourrait vous être soumis mais je réalise que je l’ai déjà pratiquement fait ! Le désir de proposer des refrains fédérateurs est aussi omniprésent même si les orchestrations sont imposantes, le soutien des remarquables cuivres de l’Aarhus Jazz Orchestra tout au long des titres étant un régal. Je succombe de la première à la dernière note de cet ovni qui allie virtuosité, efficacité, fraicheur, avec l’envie de nous faire danser. Vive la fête ! La « Danish Arts Foundation » a financièrement aidé à la réalisation de cet album. Il existe donc des décideurs capables de discerner un projet audacieux et d’investir dans un placement efficient. Sans l’ombre d’un doute, un de mes disques de 2022.

Claudy Jalet