Kameel : Trugschluss
Ce qui frappe d’abord, c’est la photographie noir et blanc, à la fois énigmatique et altière, qui occupe toute la surface de la pochette. Elle est signée Karel Fonteyne, un célèbre photographe de mode anversois, actif dans les années quatre-vingt et nonante. Si celle de « Barkas », le précédent album, mettait en avant un entrejambe féminin gainé de vinyle bleu électrique, celle-ci nous montre un visage regardant à la fois l’être et le néant. Vient ensuite l’intérieur, le contenu. Vient le son. Il est à la fois nouménal et phénoménal. Et il n’y a rien de contradictoire à ce constat. L’oreille se frotte ici à une sorte de jazz-rock aux accents tantôt post-rock, tantôt fusion et, plus sporadiquement, dansants. Mais qu’importe l’étiquette. Sont à l’œuvre trois musiciens, ce qui est somme toute assez peu pour déployer une musique si maximaliste : le bassiste Hans Mullens, le batteur Geert Roelofs et le guitariste Patrick Steenaerts. A leurs côtés, le producteur Dijf Sanders qui est le véritable artificier de ce son (pro)pulsé. Kameel peut aussi avoir ses moments de répit comme sur « Charlie Tango » ou sur « Big L. » où le groupe privilégie la retenue, les nuances. Dans le jargon musical, le terme « Trugschluss » fait référence à une erreur, à un phénomène non souhaité qui engendre involontairement la composition. Elliptiquement parlant, n’est-ce pas un peu la démarche de Kameel ?