
Kasper Rietkerk : The Happy Worrier
Juillet 2025 : les nouvelles sont mauvaises. Les guerres perdurent, la canicule s’étend, les fleuves débordent et les forêts s’enflamment. Mieux vaut s’étendre dans l’herbe avec un casque anti-bruit et de la musique plein les oreilles : « The Happy Worrier » par le Néerlandais Kasper Rietkerk par exemple. Avec ses textures plaintives de guitare et ses motifs aériens de saxophone, cette musique cinématique a le don de calmer les esprits, de ramener une sérénité de paradis. Nous voici donc apaisés, loin des peuples qui s’empoignent, dérivant sur une eau miroitante en quête du Graal. Les dix compositions originales sont en majorité translucides, dénuées d’expressionnisme exacerbé, lyriques et contemplatives, mais avec un côté dilettante. Le saxophone glisse sur les accords de guitare, tissant une mélodie qui brille comme un fil d’or dans une ancienne broderie chinoise. Sur « Scream for Silence », la chanteuse Rebecka Edlund, tel un rossignol posé sur une branche, mêle ses vocalises aux volutes du leader, alliant la ferveur au souffle pour une infime fraction du voyage. Sur « Nimbus » (au nom bien trouvé), le son s’arrondit encore, la musique placide se faisant chambriste, corrélant beauté et couleurs dans une remarquable concision. En revanche, « Blueberry Pancake » marque un passage plus dramatique, la guitare de John Parricelli devenant soudain plus volubile dans ses solos tandis que la rythmique composée de Tom Herbert (basse) et de Jonah Evans (batterie) fait naître un groove subtil quoique toujours réservé. Une fois la dernière note jouée, on revient au monde réel un peu rasséréné, en se promettant de garder ce « Happy Worrier » sous la main au cas où notre humeur se trouverait à nouveau affectée par les échos du monde.