La Jungle : Fall off the Apex

La Jungle : Fall off the Apex

A tant rêver du roi / Black Basset / Rockerill

« Mettez de l’ordre dans votre bordel ! ». Ce conseil, on le doit à un producteur français reconnu dans ce milieu : Amaury Sauvé. Encore fallait-il le mettre en application sans déjouer le projet, sans que le duo n’en perde son naturel déjanté. Avec ce nouvel album, La Jungle franchit une étape importante dans sa progression. Cette progression qui s’est heurtée violemment aux interdits imposés par un virus implacable. Pas de changement radical, que les fans se rassurent… Ceux-ci auront d’emblée remarqué que le design reste inchangé. D’ailleurs, on peut en parler de cette (belle) pochette, que l’on doit à nouveau à l’illustrateur américain Gideon Chase. On y voit deux vaches en suspension au-dessus d’un amas de gravats en tous genres, dans lequel se trouve planté le glaive d’un chevalier (une référence à la pochette de l’album studio précédent : « Past // Middle Age // Future »). Le symbole est bien présent : un bilan avant un nouveau départ ? Rémy « Roxie » Venant (batterie) et Mathieu « Jim » Fiasse (guitares, casio, effets et voix) s’en expliquent dans l’interview qu’ils ont accordée à JazzMania (publication ce mercredi 19 mai).

Dans l’attente, on se plonge bien volontiers dans ce « Fall off the Apex » que le duo montois et l’ingénieur son Hugo Alexandre Pernot nous ont concocté. Quelques interludes (dont l’un est judicieusement intitulé « Interloud » et cinq furies qu’il est toujours aussi hasardeux de classer (trans-techno-rock ?). Ce qui a changé, c’est le soin particulier que La Jungle a apporté au son. Un son non pas « léché », mais davantage débarrassé de ses poussières, de ses petits défauts. Les basses vous prennent aux tripes (« Marimba », le titre un peu moins rapide), la machine s’emballe au rythme éperdu des pistons, progressivement (« Le jour du cobra », « The End the Score ») ou en vous prenant d’emblée à la gorge (« Feu l’Homme » – on a rarement entendu quelque chose d’aussi violent !). Et à chaque fois, on ne se souvient plus très bien comment on s’est retrouvé sous hypnose… Puis il y a le discours, celui qui se trouve sous-entendu sans être prononcé, au détour d’un titre (« Feu l’Homme » (avec un grand « H »), les quatorze minutes pour dance floor de la pièce finale « The End the Score », « Du sang du singe ») ou de celui de l’album (« Tomber du sommet »). Touchée en plein vol dans sa progression, mais loin d’être abattue, La Jungle sort de son confinement… Dansez maintenant !

Retrouvez La Jungle en interview dans JazzMania ce mercredi 19 mai.

Yves «JB» Tassin