Larry Stabbins & Mark Sanders : Cup & Ring

Larry Stabbins & Mark Sanders : Cup & Ring

Discus

Désormais âgé de 75 ans, on peut affirmer que le saxophoniste anglais Larry Stabbins a connu une belle carrière. C’est dans le groupe Centipede de Keith Tippett qu’il a longtemps exercé avant de jouer dans le Spontaneous Music Ensemble. Il a, entre autres, joué avec Peter Brötzmann et Elton Dean avant de nous surprendre en intégrant des groupes moins radicaux, des groupes à succès comme Weekend et surtout Working Week qu’il forme avec le guitariste Simon Booth. Et encore plus surprenant, il s’est joint aux Specials dans la version Jerry Dammers ! Avec l’âge, il a aimé prendre quelques distances avec la musique pour recharger ses batteries. Actuellement, la forme est revenue puisqu’il s’est remis en piste et joue dans deux groupes : 137 avec des membres de Portishead et Polar Bear et Sarost avec un bassiste et le batteur Mark Sanders. Connu pour avoir joué avec Dick Heckstall-Smith (Colossseum), Jah Wobble (PIL), Bill Laswell ou Jaki Liebezeit (Can). Ces deux musiciens, nous les retrouvons au sein de cet énigmatique album. Car « Cup & Ring » ce sont aussi des énigmes. Ces symboles « gravés » dans la pierre dateraient de l’époque néolithique, mais d’autres historiens parlent aussi de l’âge de bronze, de la préhistoire, des druides… Certains s’accordent pour leur signification sur l’aspect religieux, d’autres y voient la poitrine ou les yeux de la mère, le soleil ou parlent d’érosion naturelle ! Ces deux musiciens sont avant tout des adeptes, des spécialistes même, de l’improvisation et, équipé d’un saxophone alto, d’une flûte traversière ou alto et d’une clarinette basse pour Larry et entouré des percussions de Mark, ils vont générer toute une série d’énigmes sonores. Et souvent avec des réminiscences au côté ancestral de leur titre d’album. Les sonorités sont épurées, crues tribales. Elles évoquent sans cesse des timbres, des intonations en rapport avec celles de peuplades africaines, amazoniennes. Ou d’autres toujours fixées dans leurs traditions sonores. Pour bien saisir l’urgence et certifier l’authenticité de leur musique, les deux musiciens ont enregistré les onze titres, nommés « Cup » ou « Ring » plus un numéro, en une journée ! Le résultat est parfois rêche, parfois adouci, mais il est toujours intéressant, osé, intrigant. De l’efficace ethno free, mais peut-être me suis-je trop laissé influencer par le titre général. Certains diront que c’est juste du free jazz modéré. Comme pour la datation des symboles, on reste dans le vague. A chacun de se faire sa théorie.

Claudy Jalet