Laurent Maur, Dernière danse

Laurent Maur, Dernière danse

Laurent Maur, Dernière Danse

AUTOPRODUCTION

Laurent Maur est un harmoniciste français basé sur Paris. Son dernier album, « La Dernière Danse », enregistré avec Felipe Cabrera (contrebasse), Mario Canonge (piano) et Pierre-Alain Tocanier (batterie), consiste en six titres enregistrés en studio devant public, et trois titres live. Le répertoire est signé, pour une moitié, par Laurent Maur, tandis que l’autre moitié rend hommage à trois grands noms français du jazz : Eddy Louiss, Biréli Lagrène, et Richard Galliano… avec un détour par un hommage à Toots Thielemans, parrain incontesté de l’harmonica chromatique jazz. Comment introduire « La Dernière Danse » en quelques mots ? Un moment de jazz teinté d’un romantisme à la fois mélancolique et chaleureux; une sélection de morceaux efficaces, dont les thèmes se gravent dans la mémoire comme des chansons (Made in France, Spleen…). L’interprétation est à la fois lyrique et subtile, pleine de vie, et la sauce prend dès les premières mesures du premier titre, Enlacés (Louiss). La piste de clôture, La Rentrée  (Maur), prend quant à elle par surprise par sa modernité, mais ne rompt pas le charme installé par le reste de l’album. Le trio qui entoure Laurent Maur accomplit un travail remarquable, autant dans l’accompagnement des thèmes que celui des solos. Les quatre musiciens se mettent mutuellement en valeur, et en cela, on reconnaît la marque des formations de jazz confirmées. Quant à Laurent Maur, il refuse la facilité (trop) souvent associée à son instrument : servi par un son éclatant, quelque peu rugueux du fait d’une reverb inhabituellement discrète, son improvisation développe des lignes mélodiques longues, complexes et virtuoses; l’influence des grands maîtres « bop » est manifeste dans son exploitation des approches chromatiques et des tensions. On perçoit, bien sûr, la filiation avec Toots Thielemans, feu maître incontesté de l’instrument, et « boppeur » phénoménal (jetez une oreille à « The Amazing Sound of Toots Thielemans » si vous vous demandez de quoi je parle ici – vous en tomberez de votre chaise). Grand maître auquel un hommage est rendu en duo, avec une version inspirée du mythique Bluesette, en duo piano/harmonica. L’avant dernier morceau – un solo d’harmonica deux minutes et trente cinq secondes – finit de convaincre que Laurent Maur mérite d’être considéré comme un harmoniciste jazz de référence. Avec sa “Dernière Danse” autoproduite, Laurent Maur et ses compères offrent à l’auditeur ce qu’ils ont offert au public présent au moment de l’enregistrement : une prestation riche, plein de vie, accessible aux mélomanes exigeants comme aux simples curieux. Un incontournable pour les amateurs d’harmonica, et une belle découverte garantie pour tous les autres.

Kenzo Nera