Le dossier Intervalles du mois ‐ Avril : George Clinton et le P-Funk #5

Le dossier Intervalles du mois ‐ Avril : George Clinton et le P-Funk #5

En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte.

Le dossier est lourd, la matière est riche. Voici l’Histoire d’un petit coiffeur américain qui rêvait de fonder un groupe de doo-wop et qui finira par poser les bases de l’empire P-Funk. George Clinton : ses coups de génie, ses frasques… Voici le 5ième et dernier épisode…

1. Prince : Girls & Boys (« Parade ») ‐ Paisley Park

Cinquième et dernier épisode pour conclure notre feuilleton entamé au mois de novembre 2023, un feuilleton consacré au P-Funk et à George Clinton plus particulièrement. De George Clinton il en sera bien sûr question ici, mais pas que… puisque nous nous intéresserons cette fois à l’héritage Clinton. Parliament, Funkadelic et P-Funk dérivés c’était grosso-modo les années septante et quatre-vingts. Mais depuis, qui s’est invité aux sons du P-Funk ? C’est ce que nous allons découvrir…

On démarre avec le plus évident de tous, un fan absolu de George Clinton, Prince, qui a collaboré avec lui et qui a eu la lourde responsabilité de préparer un discours à l’occasion de l’accession de Clinton au Rock and Roll Hall of Fame, le 6 mai 1997.

2. Talking Heads : Making Flippy Floppy (« Speaking in Tongues ») ‐ Sire

Au début des années quatre-vingts David Byrne assiste à un concert des Parliaments, ce qui lui inspirera une coloration du son P-Funk pour son groupe, les Talking Heads. A partir de 1983 et jusqu’à la séparation du groupe on compte, parmi les musiciens qui gravitent autour des Talking Heads, un certain Bernie Worrell, le claviériste historique du P-Funk.

3. Tom Tom Club : Genius of Love (« Tom Tom Club ») ‐ Sire

Les Talking Heads se séparent assez rapidement, il y a des dissensions dans le groupe. La bassiste Tina Weymouth et le batteur, Chris Frantz avaient déjà créé de leur côté Tom Tom Club, un projet éphémère mais qui a connu un succès phénoménal au tout début des années quatre-vingts.

4. The Red Hot Chili Peppers : Yertle the Turtle (« Freaky Styley ») ‐ EMI

Il existe un autre groupe de rock américain qui ne reste pas insensible aux sons du P-funk : les Red Hot Chili Peppers. Leur label, EMI fait appel à Clinton afin qu’il produise le deuxième album du groupe, « Freaky Styley » paru en 1985. C’est un flop, tout comme le premier album du groupe d’ailleurs. Mais un flop commercial seulement puisque cet album est encore très apprécié aujourd’hui des fans de la première heure des Red Hot Chili Peppers.

Pour l’anecdote, sachez que la voix qu’on peut entendre au début de cette chanson, « Yertle the Turtle » est celle d’un certain Louie, qui est en fait le dealer de Clinton. Un dealer à qui Clinton doit beaucoup d’argent et qui passe un accord avec le groupe et le producteur. Lui qui rêve de faire une carrière dans la musique aura ses secondes de gloire en échange d’un armistice avec Clinton qu’il épargne et aussi d’une belle quantité de cocaïne pour le groupe.

5. De La Soul : Me, Myself and I (« 3 Feet High and Rising ») ‐ BCM Records

On reste dans ces années quatre-vingts, à la fin de la décennie. Fin des années quatre-vingts, ce sont essentiellement des groupes de rap, de hip-hop qui passent à la radio. Au grand bonheur de George Clinton très souvent samplé et qui touche des droits lorsque le groupe admet l’emprunt. C’est le cas d’un groupe étoile du genre, De La Soul, un trio new-yorkais qui nous offre une nouvelle version de « Knee Deep » de Funkadelic. Cette version, « Me, Myself and I » atteint la première place des charts R&B.

6. Boo-Yaa T.R.I.B.E. : Riot Pump (« New Funky Nation ») ‐ Island

A l’autre bout des States, sur la côte Ouest, le hip-hop fonctionne très bien aussi, avec un son un peu différent. Il fonctionne notamment grâce au collectif Boo-Yaa T.R.I.B.E. Et le rap ramène manifestement le funk sur le devant de la scène. Pour preuve, le titre de cet album de Boo-Yaa T.R.I.B.E. paru en 1990 : « New Funky Nation ».

7. Dr. Dre : The Roach – The Chronic Outro (« The Chronic ») ‐ Death Row

Andre Romelle Young, alias Dr. Dre a largement contribué au succès du gangsta rap, même si sa production personnelle n’est pas extrêmement fournie. Carton mondial et donc des dollars plein les poches de Clinton pour une réinterprétation du « P-Funk (Wants to Get Funked up) » de Parliament qui devient « The Roach (The Chronic Outro) ». Nouvelles paroles mais structure inchangée.

8. Axiom Funk : Cosmic Slop (« Funkcronomicon ») ‐ Axiom

On quitte le hip-hop et on part sur les traces d’un bassiste / producteur qui mérite une mention particulière : Bill Laswell. Bill Laswell a collaboré quelques fois avec George Clinton au niveau de sa carrière solo. Mais il a fait mieux. Avec Axiom Funk – un projet dont le nom fait référence à son propre label, Axiom – il crée un projet à géométrie variable qui réunit sous cette bannière le meilleur du gratin P-Funk : Bernie Worrell, Eddie Hazel (dont ce sont là les derniers enregistrements qui précèdent sa mort), Bootsy Collins, Maceo Parker, George Clinton bien sûr et même Pedro Bell qui se charge de la pochette. Bref, « Funkcronomicon », est un vrai album de P-Funk, recommandé chaudement.

9. Praxis : Interface Stimulation Loop (« Transmutation (Mutatis Mutandis) ») ‐ Axiom

Bill Laswell toujours mais cette fois avec d’autres sons. Praxis, c’est le nom du groupe, joue ce que l’on peut appeler du Metal Funk. Outre Bill Laswell, figurent au générique Bernie Worrell toujours, mais aussi le guitariste Buckethead et l’infatigable Bootsy Collins.

10. Drugs : Jealousy (« A Prescription For Mis-America ») ‐ Kraked

Avant de revenir à Clinton lui-même, passage à la pharmacie, à la rencontre d’un duo de musiciens associés au P-Funk : Clip Payne et Robert « Chicken » Burke. Nous sommes en 2001 et ces deux-là tentent de relancer le P-Funk à l’ancienne. Leur album a pour nom « A Prescription For Mis-America », il est excellent, mais ce sera déjà le dernier !

11. George Clinton : Paradigm (« How Late Do U Have 2BB4UR Absent ? ») ‐ The C Kunspyruhzy

Revenons à présent à Clinton lui-même. Qui, vous l’avez remarqué, collabore, produit, se fait samplé, … mais dont la discographie personnelle n’avance pratiquement plus. Néanmoins, comme il ne fait les choses ni à moitié, ni comme les autres, il va nous faire parvenir ses nouvelles en achats « grandes quantités ».

Sous son nom d’abord avec le P-Funk All Stars, il publie en septembre 2005 l’album « How Late Do U Have 2BB4UR Absent ? » En fait pour répondre à cette question, une absence de neuf ans depuis son dernier vrai album « The Awesome Power Of a Fully Operational Mothership ». Un double CD de 24 titres, avec, en featuring spatial, The Artist (Formerly Known As Prince).

12. Funkadelic : Zip It (« First Ya Gotta Shake the Gate ») ‐ The C Kunspyruhzy

Retour ensuite de Funkadelic pour un triple CD de trente-trois titres, et oui ! Un quatorzième album qui voit le jour trente-trois ans après « The Electric Spanking of War Babies » sorti en 1981 ! A vrai dire « First Ya Gotta Shake the Gate », le titre de cet album, réunit certainement inédits et fonds de tiroirs. Tout cela dans l’esprit Funkadelic, avec des membres de la famille de Clinton et d’un certain Sly Stone.

13. Parliament : Set Trip (« Medicaid Frand Dogg ») ‐ P-Vine

Nous sommes arrivés au bout de ce feuilleton P-Funk développé en cinq épisodes. En 2018, Clinton annonce qu’il cesse les tournées et nous offre une autre surprise, la sortie d’un tout dernier album de Parliament « Medicaid Fraud Dogg » en mai de la même année. Sorti d’abord uniquement en numérique puis un an plus tard sous la forme d’un double CD pressé au Japon.

La boucle est ainsi bouclée, ça été un plaisir immense pour moi de vous présenter cette aventure incroyable d’un petit coiffeur qui rêvait de devenir une star… Pour rappel, tous les podcasts relatifs au feuilleton P-Funk se trouvent sur le site de JazzMania. (Épisode #1Épisode #2Épisode #3Épisode #4)

Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)

Yves Tassin