Le dossier Intervalles du mois ‐ Mars : George Clinton et le P-Funk #4
En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte.
Le dossier est lourd, la matière est riche. Voici l’Histoire d’un petit coiffeur américain qui rêvait de fonder un groupe de doo-wop et qui finira par poser les bases de l’empire P-Funk. George Clinton : ses coups de génie, ses frasques…
1. Sweat Band : Body Shop (« Sweat Band ») ‐ Uncle Jam
Vous l’attendiez, le voici : quatrième épisode de notre feuilleton George Clinton et le P-Funk. On a beau démarrer ce feuilleton en 1980, sachez déjà que c’est le dernier pour lequel George Clinton tiendra le premier rôle. Et pour cause : une montagne d’ennuis et de frais de justice l’attend. Ce quatrième épisode, on l’entame avec LE bassiste du P-Funk, Bootsy Collins, qui lui aussi se retrouve en justice – vous connaissez l’adage, « quand il y a des dollars à palper… ». Pour faire bref, il existe à cette époque un autre groupe qui s’appelle « Rubber Band », un groupe de musique folk qui a pris naissance avant celui de Bootsy Collins, contraint de choisir un autre nom. Ce sera Sweat Band. Le Sweat Band est produit par George Clinton et on y retrouve bien entendu la crème du P-Funk : Fred Wesley et Bernie Worrell en tête. Enfin, sachez qu’il s’agit ici du tout premier album publié par le nouveau label de George Clinton : Uncle Jam Records.
2. Parliament : Let’s Play House (« Trombipulation ») ‐ Casablanca
On ne va pas vous le cacher longtemps, Parliament démarre une période un peu compliquée. On enregistre des départs et des arrivées selon certains intérêts personnels. Parmi les arrivées, on note particulièrement celle du claviériste David Lee Chong qui fait clairement – c’est le cas de le dire ! – de l’ombre au légendaire Bernie Worrell. C’est bien lui qui, pour ce neuvième album de Parliament « Trombipulation », tient la vedette. Nous sommes alors au mois de décembre 1980.
3. Funkadelic : Call the Doctor (Connections And Disconnections » ‐ LAX Records
Les ennuis de justice se poursuivent pour Clinton qui perd le droit à l’usage exclusif du nom Funkadelic. Trois dissidents du groupe – dont Fuzzy Haskins que nous avons déjà entendu en solo – décident de sortir un album sous ce nom. Il aura un premier titre lors de sa sortie en Allemagne, mais on le connaît mieux sous le nom « Connections and Disconnections ».
4. Funkadelic : Electro-Cuties (« The Electric Spanking of War Babies ») ‐ Warner Bros
Cette version de Funkadelic ne survivra pas longtemps à l’originale. Il existe néanmoins une version CD de cet album parue en 1992 sous le nom provocateur « Who’s a Funkadelic ? ». Clinton vous aurait répondu sans aucun doute – et à raison – que le vrai Funkadelic, c’est le sien. Dans la foulée, et en réponse, toujours en 1981, « The Electric Spanking of War Babies » featuring discrètement un certain Sly Stone mais par contre disparition au générique de Bernie Worrell.
5. Roger : So Ruff, so Tuff (« Many Facets of Roger ») ‐ Warner Bros
En fait, ce qui complique un peu l’existence de Clinton dans les années quatre-vingt, c’est le changement des formatages en radio. Finis les titres à rallonge qui s’éternisent au-delà des six ou sept minutes. Place à présent aux chansons de quatre minutes au maximum. Sans oublier que cet album, Warner ne l’a pressé qu’à cent mille exemplaires, une véritable offense pour Clinton habitué aux ventes à sept chiffres ! Et ce n’est pas tout ! Souvenez-vous : Zap est un coup financier rapporteur, une découverte majeure pour Clinton. Mais son leader, Roger Troutman porte un coup fatal à Georges Clinton et à son label Uncle Jam quand lui aussi fuit le studio en emmenant sous le manteau les bandes qu’il vient d’enregistrer… Des bandes qu’il s’empresse de céder à Warner Bros… Car une fois encore, Clinton s’est emmêlé les stylos en rédigeant les clauses du contrat qui le lient à Zap.
6. George Clinton : Atomic Dog (« Computer Games ») ‐ Capitol
Privé des noms Parliament et Funkadelic, George Clinton entame alors une carrière sous son propre nom. Et c’est un tube qui l’attend d’emblée : « Atomic Dog » qui figure sur « Computer Game », le premier album en solo paru en 1982. Un titre mainte fois samplé par tout bon rappeur qui se respecte.
7. P-Funk all Stars : Catch a Keeper (« Urban Dancefloor Guerillas ») ‐ Uncle Jam
Tout comme celle de son rival James Brown, la carrière de Clinton connaît dorénavant des petits hauts et de gros bas. « You Shouldn’t Nuf Bit Fish » sort un an plus tard et dans les semaines qui suivent arrive le premier volet de son projet P-Funk All Stars. Un groupe qui associe de fait toutes les pointures du P-Funk, à l’exception notoire et prévisible du claviériste Bernie Worrell parti chez Talking Heads. P-Funk All Stars, 1983, « Urban Dancefloor Guerillas ».
8. Jimmy G. and the Tackheads : Family Funk (« The Federation of Tackheads ») ‐ Capitol
Nous poursuivons avec une autre production de George Clinton : Jimmy G. and the Tackheads. Le Jimmy G. en question n’est autre que Jimmy Giles, le jeune frère de Clinton, séduit par la démo qu’il reçoit de son frangin. Une démo qu’il présente avec succès chez Capitol. L’unique album de Jimmy G. a pour nom « The Federation of Tackheads ».
9. George Clinton : R&B Skeletons (« R&B Skeletons in the Closet ») ‐ Capitol
Revenons un moment à Clinton. En 1986, il enregistre son quatrième album solo. Le dernier qu’il doit contractuellement à Capitol : « R&B Skeletons in the Closet ».
10. George Clinton : Why Should I Dog You Out ? (« The Cinderella Theory ») ‐ Paisley Park
L’histoire de la musique est parsemée de rencontres inabouties, de fantasmes improbables… Souvenez-vous : Miles et Jimi Hendrix, Miles et Prince… Et oui, il y a bien eu Prince et George Clinton. Le nom de Prince n’apparaît nulle part sur la pochette du disque, on ne sait pas de quels instruments il joue… Et pourtant : 1989, « The Cinderella Theory » featuring Prince.
11. George Clinton : Maximumisness (« Hey Man… Smell My Finger ») ‐ Paisley Park
6 mai 1997, George Clinton accède au Rock and Roll Hall of Fame… Et c’est Prince en personne qui lui prépare un discours : « George je t’aime et j’ai besoin de toi ». Un dernier titre pour nous mettre sur cette voie : George Clinton, « Maximumesness », un extrait du très frais « Hey Man, Smell My Finger ».
C’est ici qu’on achève la fabuleuse histoire de George Clinton et du P-Funk. Non pas que Clinton demeure muet depuis, mais parce que c’est dorénavant son héritage qui compte davantage. Dans un mois, nous ferons l’inventaire de cet héritage : quelles en sont les retombées, quelles sont les inspirations qui relèvent du P-Funk ?
Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)