
Le dossier Intervalles du mois – Janvier : La rétrospective 2024 des Intervalles
En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois, un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte, en mots et en sons.
Année écoulée = rétrospective. Les disques de 2024, les concerts qu’il ne fallait pas manquer, les musiciens disparus… A la sauce « Intervalles », soit en mode (bien souvent) découvertes.
1. Nick Drake : Fly (« Bryter Later ») ‐ Island
Laissez-moi vous présenter mes meilleurs vœux pour 2025 : découvertes, concerts, spectacles, rencontres, cinéma… Prenez tout ce qui peut vous faire du bien. On entame 2025 avec une rétrospective. Pas la rétrospective habituelle que d’autres font bien mieux que nous, mais bien une rétrospective à la sauce « Intervalles », avec de gros morceaux de musiques improbables dedans. On démarrait cette rétrospective en onze actes avec Nick Drake dont nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de son décès survenu le 25 novembre 1974. Ceci pour vous rappeler que Les Intervalles ont consacré deux émissions spéciales à ce chanteur trop méconnu, émissions que vous pouvez retrouver en sons et en mots sur le site.
2. The Verge : Gratitude (« The Verge ») ‐ Is it Jazz ?
The Verge, un album éponyme sorti cette année, qui serait bien – et même qui est – mon coup de cœur 2024. Ce quartet nous vient bien entendu de Norvège tout comme d’autres musiciens qui ont occupé ma platine cette année. Je pense notamment à Elephant9 et Trygve Seim.
3. Rodolphe Burger : Zorro (« Avalanche ») ‐ Dernière Bande
Quant aux productions françaises, j’en retiens deux. Elles ont pour point commun Bashung avec lequel Marcel Kanche – auteur cette année du très bel album « Un Nid » – aurait dû travailler. Dans une interview qu’il nous a accordée, il a expliqué avoir bu beaucoup de café avec Bashung, avoir longuement discuté aussi… sans que rien de concret n’aboutisse. L’autre chanteur français que je retiens en 2024 est tout aussi discret. Lui a travaillé concrètement avec Bashung. Cette fois, pour son nouvel album qui vient de sortir, « Avalanche », c’est avec le duo suisse Christophe Calpini / Blaise Caillet qu’on le retrouve. Voici Rodolphe Burger.
4. Hania Rani : Dancing With Ghosts (« Nostagia ») ‐ Gondwana
Plus que jamais, il faudra en 2025 se rendre aux spectacles. Surtout dans les petites salles de concert, les clubs de jazz où la musique se vit intensément, où elle vit, tout simplement. Cette année, j’ai assisté à un nombre très important de concerts avec un sommet : une prestation incroyablement intense, le concert de Laketia Benjamin au Reflektor, dans le cadre du Festival Uhoda Jazz à Liège. Je retiens aussi une autre prestation, qui nous a permis de nous rendre compte de la chance que nous avions de posséder enfin une salle de taille moyenne mais de très grande qualité dans la région. Je vous parle ici de l’OM à Seraing. Là où l’instrumentiste polonaise Hania Rani a fait salle comble un soir du mois de mars. Dans la foulée, elle sortait un album live enregistré dans un studio de la radio polonaise avec un ensemble de cordes. Cet album a pour nom « Nostalgia ».
5. Tassin, Hermia et Joris : Elephant (« Midnight Sun ») ‐ Igloo Records
Les choses les plus simples sont parfois les plus profitables. L’An Vert, un club de jazz niché en Outremeuse, où on se sent bien, une cinquantaine de spectateurs. Vous commandez un Orval au comptoir, vous prenez place dans la salle et vous assistez sans grands frais à un concert intimiste. C’est ainsi en tous cas que j’ai assisté à mon dernier concert de l’année qui mettait en présence Julien Tassin à la guitare, Chris Joris à la batterie et Manuel Hermia au saxophone. Ils venaient de sortir un des très bons albums de 2024 : « Midnight Sun », paru chez Igloo Records.
6. Melanie de Biasio : Mi Ricordo Di Te (« Il Viaggio ») ‐ Le Label
L’un des albums très attendus en 2024 en Fédération Wallonie Bruxelles était « Il Viaggio », un disque que la chanteuse carolo Melanie De Biasio devait sortir après six années de silence. Un silence qu’elle prolongera malheureusement auprès de ce que l’on peut appeler « la presse alternative »… Pas de promo envisageable de ce côté-là. Qu’importe, on le dit encore, on aime la musique de Melanie De Biasio. C’est un peu notre faiblesse.
7. Louise van den Heuvel : Innerland (« Sonic Hug ») ‐ W.E.R.F.
Pourvu que Louise van den Heuvel demeure à l’avenir plus humble et abordable que Melanie. On n’hésitera pas à la situer parmi les grands espoirs du jazz européen, même si c’est relatif, puisqu’on vous parle de musiques alternatives. N’empêche, après avoir été révélée au sein de la formation Dishwasher_, Louise entame à présent, dans les meilleures conditions qui soient, sa carrière en tant que leader. Une des grandes réussites de cette année : « Sonic Hug » paru chez W.E.R.F.
8. Chantal Acda & the Atlantic Drifters : The Friends Parade (« Silently Held ») ‐ Challenge Records
Chantal Acda n’est plus un espoir, elle arpente les scènes du nord du pays depuis un bon moment. Mais pour certains – j’en fait partie – c’est une véritable révélation. Cette année, elle a sorti chez Challenge Records « Silently Held » un album complètement inattendu et complètement surprenant, sur lequel on retrouve des pointures du jazz comme le guitariste Bill Frisell, le saxophoniste Colin Steton ou le contrebassiste Thomas Morgan… Le tout mixé par Phill Brown, un ingénieur du son qui a étroitement travaillé avec Mark Hollis.
9. Beth Gibbons : Floating on a Moment (« Lives Outgrown ») ‐ Domino
Une rétrospective, même dans les Intervalles, se doit aussi d’aborder les productions à plus grandes échelles. Des albums attendus de longue date (ou pas) avec leur lot de déceptions parfois. Parmi les flops de l’année, j’aime citer le nouvel album de Nick Cave « Wild God » où on peut se demander s’il ne s’est pas égaré définitivement. « Lives Outgrown » de Beth Gibbons se trouve peut-être très légèrement en deçà de nos espoirs… Tout en restant très recommandable.
10. David Gilmour : Between Two Points (« Luck and Strange ») ‐ Sony Music
Le dernier album de 2024 dont je souhaite vous parler est celui du guitariste de Pink Floyd, David Gilmour : « Luck and Strange ». Ici, pas de déception possible. Gilmour fait du Gilmour, sans aucune faille, sans aucune surprise. Ce qui laissera ses détracteurs de marbre et qui, au contraire, ravira ses fans encore très nombreux. Le voici en compagnie de sa fille Romany : « Between Two Points ».
11. Agnes Buen Garnas : Margjit og Targjei Risvollo (« Rosenfole ») ‐ ECM
Une rétrospective s’achève bien souvent avec un hommage. On pense à ce moment-là à ceux qui nous ont quittés durant l’année qui vient de s’écouler… C’est le cas pour des musiciens très ou moins connus que vous entendez épisodiquement dans les Intervalles. Je vous cite ainsi Quincy Jones, Jean-Marie Aerts, Palle Danielsson, David Sanborn, Catherine Ribeiro, Steve Albini, Christiane Stefanski, Zakir Hussain, Martial Solal, Pedro Soler ou encore la chanteuse norvégienne Agnes Buen Garnas que nous allons écouter pour clôturer cette émission spéciale.
Avant cela, j’ai une dernière pensée pour notre ami Robert Sacre qui a animé pendant des années, sur Equinoxe FM, une émission consacrée au blues. Il a également rédigé pour JazzMania un nombre incalculable d’articles dont se régalaient nos lecteurs… Lui aussi nous a quittés en 2024.
Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)