LE SUD PROFOND… SUITE

LE SUD PROFOND… SUITE

Louisiana For The Fun Of It (capsule 3)

Robert Sacré est notre spécialiste des musiques afro-américaines. En effet, il y aura bientôt près de vingt ans que Robert signe des chroniques, des articles, des entretiens, mais aussi des récits de voyage pour Jazzaround. Robert aime aussi le terrain, Chicago, New Orleans etc. Il ne compte donc plus le nombre traversées de l’Atlantique : le Sud Profond des USA n’a presque plus de secrets pour lui. Au mois d’octobre dernier, Robert Sacré s’est une nouvelle fois rendu sur ces terres qui ont donné naissance au jazz, et, cette fois comme guide d’une vingtaine de touristes qu’il a pu initier avec passion. Les deux premières capsules de ce voyage peuvent être consultées ICI.

Huval - Menard - Willer - Thibodeaux (c) Robert Sacré

Plus de 400 kilomètres entre Houston et Lafayette, donc beaucoup d’occasions de balades à Port Arthur, Orange et Beaumont au Texas. Mais, on résiste, y compris à la visite de Lake Charles, Iowa, Welsh, Jennings, Crowley ou Rayne en Louisiane, pour atteindre Lafayette d’une traite, et se reposer, avant d’être frais et dispos pour les Festivals Acadiens et Creoles qui commencent le vendredi 09 octobre.

Festivals Acadiens et Creoles 

Le site du festival est le Parc Girard, situé sur le campus de l’Université de Louisiane. Le premier jour, seule la scène principale  « Ma Louisiane » est opérationnelle. Les autres scènes –  Mon Heritage, d’Anniversaire, Jam ça ! et Atelier – proposeront des concerts en parallèle à la scène principale le samedi et le dimanche. Il y avait aussi une Salle de Danse ainsi qu’un Atelier Cuisine réservé aux grands chefs locaux, dans le cadre du Bayou Food Festival’s Culture sur la Table. En effet, ce festival propose aussi une fête de la langue française… et du Franglais !

Cette première soirée est déjà trop courte, avec un programme exceptionnel : concert de musique cajun d’abord sous le titre Acadian Connection. Il réunissait des musiciens de Louisiane et de  Nouvelle Écosse (1) : Terry Huval (violon) et son groupe Jambalaya,  avec les guitaristes D.L.Menard, Christine Balfa et Hert Le Blanc,  l’accordéoniste Jo El Sonnier et les violoneux Kevin Wimmer et Waylon Thibodeau, avec en invité surprise Zachary Richard ( harmonica et chant). Le M.C. – maître de cérémonie – était Barry Ancelet, professeur retraité de l’Université de Louisiane qui présentait tous les musiciens. Ancelet est par ailleurs aussi l’organisateur de ce festival annuel, depuis 1977 !

ZACHARY RICHARD (c) Robert Sacré

Le concert a été dominé par les compétions amicales entre guitaristes (Christine Balfa, Hert Le Blanc et D.L.Menard), entre violonistes (Waylon Thibodeaux , K. Wimmer et Terry Huval), entre accordéoniste (Joe El Sonnier) et le violoniste (W.Thibodeaux), avec des musiciens engagés sans limites,  un vrai régal pour les yeux et les oreilles. Plusieurs centaines de spectateurs se pressaient devant la scène, dont une douzaine de couples qui dansaient au rythme d’un répertoire traditionnel :  valses, one-steps et autres two-steps très populaires ici.

GENO DELAFOSSE (c) Robert Sacrté

Le zydeco va dominer le deuxième concert de la soirée, avec l’accordéoniste noir Geno Delafosse, entouré de son groupe le French Rockin’ Boogie. La musique cajun (blanche), le plus souvent interprétées avec accordéons diatoniques, violons et guitares est proche du country & western, tandis que le zydeco est en réalité le « blues français de Louisiane », proche du blues et de la R&B, avec accordéons chromatiques, guitares électriques, batteries et même  parfois des saxophones. De plus, même si beaucoup de thèmes sont communs aux deux répertoires, ils sont traités différemment. Le zydeco, le toujours souriant Geno Delafosse en est un des plus prestigieux représentants actuel. On constatera d’ailleurs une présence beaucoup plus importante d’africains-américains devant la scène. Ici aussi, de nombreux couples se déhanchaient sur les rythmes de la musique. La danse zydeco authentique, très rythmée, est soumise à des règles très précises, et, la plupart des couples en donnait une démonstration tout à fait spectaculaire. Bref, le festival démarrait sur les chapeaux de roue, en présence d’un très nombreux public.

 

(1) Les cajuns sont les descendants des Français canadiens d’Acadie (New Brunswick et New Scotia actuels). Ils ont été expulsés du Canada par les Anglais, entre 1755 et 1765, lors du « Grand Dérangement ». Depuis lors, les deux communautés (blanches) entretiennent des rapports suivis.