Leán : Tierra Azul

Leán : Tierra Azul

Fourmi du Mali

Au centre du troisième album (toujours illustré par un animal, la tortue après le zèbre et le perroquet) de nos compatriotes de Leán, il y a les œuvres de la poétesse argentine Alfonsina Storni. Cette figure mythique du féminisme a été une source d’inspiration pour de nombreux artistes au fil des décennies, au travers de ses textes qui parlent de la dépression, des mères seules et de la sexualité. Écrits il y a plus d’un siècle, ils sont toujours d’actualité et sont inclus dans le livret de cet album et dans la langue d’origine, l’espagnol. À la base de cette réalisation, il y a le travail du batteur / percussionniste Gielis Cautaers et du contrebassiste Otto Kint. Ils ont analysé le langage de Storni, la cadence, le rythme et la tonalité de ses poèmes. Après ces études, ils ont développé des compositions avec l’ajout de la guitare classique de Silke Claryss. Puis le trio basique de Leán s’est transformé en quintet avec l’adjonction du trombone de Quinten de Craecker et la voix de la chanteuse espagnole Vanesa Diaz Gil. Cette dernière afin de faire transparaître les émotions d’une voix hispanique et d’être au plus proche de l’écriture originelle de la poétesse. Cet album est pratiquement à considérer comme une expérience puisqu’elle nécessitait de faire passer des sentiments même si vous ne connaissez la langue avec le soutien des propres compositions du groupe (à noter deux reprises créés par Paco Ibanez et Ariel Ramirez). Cette musique essentiellement acoustique nous emmène dans un singulier voyage où la poésie, ressentie dans l’expression vocale même si on ne comprend pas l’espagnol, et des sonorités mondiales font un bout de chemin en parfaite symbiose. Des touches de bossa-nova, de flamenco, de jazz sud-américain, de samba, de jazz tendre et mélodique parcourent l’album, soutenues par d’efficaces interventions du tromboniste. Mais une mention spéciale peut aussi être accordée à la guitariste classique. Une démarche originale dont vous apprécierez encore plus la portée si vous comprenez l’espagnol.

Claudy Jalet