Lil’ Ed & The Blues Imperials, The Big Sound of

Lil’ Ed & The Blues Imperials, The Big Sound of

Lil’ Ed& The Blues Imperials, The Big Sound of 

ALLIGATOR

Cela fait 27 ans que les  quatre membres des Blues Imperials sont ensemble, qui dit mieux ? Ils sont tellement habitués à jouer ensemble que leur communication est télépathique. Ce constat pourrait paraître redondant et léthargique, mais avec eux c’est tout le contraire : leur enthousiasme et leur niaque sont toujours bien là. Ici encore, comme si c’était leur premier album, et qu’ils doivent encore et toujours démontrer être au-dessus du lot… En tout cas chapeau, et ce nouvel album est très réussi :  Ed Williams (chant et guitare), son demi-frère James «Pookie» Young (basse) Michael Garrett (guitare) et Kelly Littleton (batterie) sont produits par Alligator Records depuis 1986. Ils signent ici leur neuvième album pour ce label dont ils perpétuent, sans redites et avec un brio digne d’éloges, le slogan des débuts d’Alligator Records, en 1971, avec Hound Dog Taylor : “Genuine Houserockin’ Music”. Et, le plus fascinant, c’est que leur groove est tellement caractéristique et original qu’ils ne lassent jamais. Qu’ils s’agissent de blues lents à la slide (Raining In Paris, Whiskey Flavored Tears), de morceaux plus rock et plus rapides (Giving up On Your Love, Is It You ?), on n’a jamais l’impression de redites, d’album en album, et ce, malgré un fonds de commerce toujours centré sur un entrain communicatif. La musique est festive et roborative, compossée sur des textes écrits avec un humour corrosif (I like My Hot Sauce Cold,…). Ceci tient aussi au fait que Lil’ Ed est un compositeur remarquablement fécond et doué (souvent en collaboration avec son épouse Pam), ils signent ainsi pas moins de 10 des 12 titres, complétés deux covers : des reprises moins connues de l’Oncle J.B. Hutto (Shy Voice et I’ll Cry Tomorrow , un slow blues à la slide). En effet, Lil’ Ed et Pookie sont les neveux de J.B. Hutto, un des meilleurs musiciens de slide qui se situe dans la veine de Hound Dog Taylor, voire même Elmore James. On a ici une belle tranche de Chicago Blues moderne et très enraciné dans la tradition, mais d’une actualité indéniable. Le “p’tit Ed” est lead guitariste sur tous les titres, sauf dans  le bien enlevé I’m Done, et dans le slow blues Troubled world où c’est le fidèle Michael Garrett qui prend le lead. On retiendra aussi un superbe Deep In My Soul, ainsi que le bien enlevé Green Light Groove,avec le pianiste Sumito ‘Ariyo’ Ariyoshi, actuellement un des meilleures musiciens de Chicago, mais dont la réserve et la timidité font qu’il est trop rarement sous le feu des projecteurs. Il échappe ainsi au radar des interviewers, et, il y a là une lacune à combler, il le vaut bien !

Robert Sacre