London, Vortex Jazz Club
« Vortex Jazz Club »,
le meilleur de la scène anglaise contemporaine.
Dans le Londres en perpétuel mouvement, les épicentres culturels et sociaux bougent constamment, les « boroughs » longtemps ignorés deviennent à leur tour des « places to be ». Hackney fait partie de ces quartiers où la vie culturelle bouillonne, notamment sur Gillett Square, large esplanade piétonne dédiée aux marchés, expositions, concerts, animations diverses. Au numéro 11, le « Vortex Jazz Club » occupe une place majeure sur la scène londonienne, le quotidien « The Guardian » en faisant le lieu où la diversité de programmation est la plus marquante parmi tous les clubs du Grand Londres. « Down Beat » vient quant à lui de reprendre le club parmi les 150 meilleurs lieux de jazz dans le monde. Musiques improvisée et expérimentale forment l’essentiel d’une programmation particulièrement enthousiasmante.
Entre le café « Downstairs » et la petite salle d’une centaine de places à l’étage, plus de quatre cents concerts sont programmés annuellement, un chiffre qui donne le tournis. Oliver Weindling, une des chevilles ouvrières du club, mais aussi producteur de « Babel Label » qui sort les enregistrements de plusieurs artistes présentés au Vortex, ne cache pas les difficultés auxquelles sont confrontés les bénévoles qui gèrent l’institution : « C’est difficile de tenir le rythme de programmation alors que nous ne bénéficions que de peu de soutien : £22,000 (31.000€ n.d.l.r.) de subsides annuels d’une fondation plus l’apport de notre SACEM (SABAM) anglaise ( à qui il faut en fin d’année retourner une bonne partie de cette somme !) ne permettent pas de nouer les deux bouts, surtout quand on veut maintenir un tarif démocratique pour les concerts. »
Du côté du label, on peut découvrir des noms comme Steve Arguelles avec Benoît Delbecq et Noël Akchoté, le Portico Quartet qui a fait ses débuts au Vortex, Christine Tobin, Acoustic Ladyland, Steve Williamson (partenaire de Courtney Pine et du « Brotherhood of Breath » de Chris McGregor ) et une noria de jeunes musiciens britanniques.
Rien que sur ce mois d’avril, on pouvait entendre au Vortex des musiciens aussi pointus que le tromboniste Hans Koller, le batteur Jeff Williams, le pianiste Liam Noble pour la sortie de son nouvel album, accompagné de Myra Melford, le pianiste Andrew McCormack ( qu’on verra à Liège dans le groupe de Kyle Eastwood), le saxophoniste Ben Van Gelder, le grand Peter King – toujours là plus de cinquante ans après avoir joué au concert d’ouverture du « Ronnie Scott’s Club », autre club légendaire londonien-, et, pour sa résidence mensuelle, le saxophoniste Evan Parker qui définit le lieu comme sa « maison spirituelle ». Accompagné de Percy Pursglove (Dave Holland, Norma Winstone, Dave Liebman, John Clayton, Chris Speed,…) à la trompette, du batteur Mark Sanders (partenaire de Derek Bailey, Tim Berne, Roswell Rudd, Barry Guy,…) et du volubile contrebassiste John Edwards (Sunny Murray, Kenny Wheeler, John Tchicai, Peter Brötzmann,…), le septuagénaire poursuit inlassablement sa quête free dans un tourbillon improvisé impressionnant : deux pièces de 45 minutes chacune pour deux sets d’enfer avant un second concert à 23 heures, le bonhomme a toujours la santé ! Une première pièce de totale improvisation, puis une seconde où les citations de Monk et CharlieParker remettaient la musique dans la ligne.
Prochaine résidence du maître le 21 mai prochain toujours avec John Edwards, et cette fois les américains Paul Dunmall (saxophones) et Tony Bianco (batterie). Aussi à noter en mai, les concerts de Dave Liebman, Chris Cheek et John Etheridge Situé à deux pas de la station Overground de Dalston Junction, le Vortex Jazz Club ( 11, Gillett Square) est un détour quasi obligé pour tout qui se rend dans la capitale anglaise et veut découvrir la scène britannique d’aujourd’hui.
Jean-Pierre Goffin