Luciana Morelli : Words Of The Wind
Singulier album que celui-ci. Luciana est une chanteuse compositrice née en Argentine mais désormais basée en Suisse. Sur cet album de sept plages, son troisième, elle nous propose des textes d’illustres poètes sur un accompagnement jazzy assez minimaliste. Parmi les poèmes choisis, il y en a trois de l’Anglaise Emily Brontë tandis que les autres sont de la plume d’Anne Carson et de Robin Myers. Deux sont chantés en espagnol, un d’Alejandra Pizarnik et le tout dernier est un texte de sa composition. Luciana s’est aussi chargée de presque toutes les compositions, des arrangements et de la production. Derrière ces poèmes qui abordent divers thèmes et évoquent l’amour, la mort, la solitude, la folie, le désir, la mémoire… la musicienne a opté pour différentes formes musicales en soutien, même si c’est un jazz assez retenu, doux qui est le plus souvent présent. Quelques touches de classique contemporain, un peu d’opéra, de jazz lyrique s’invitent au fil des plages et toujours dans une optique de légèreté et de grâce. Si la démarche est originale, il faut bien avouer que l’ensemble est un peu « froid », hermétique, sans doute dû à une certaine forme de dramaturgie résultant des textes choisis. Quelques belles éclaircies parcourent avec bonheur cette musique. Je pense notamment à cette déclamation sur « Antelmo And His Daughter », à ces superpositions de voix féminines sur le très réussi « Town On The Way Through God’s Wood » ou à cette expressive clarinette basse sur « Todo Passa ». Au total, ils ne seront pas moins de vingt-cinq musiciens et chanteuses (quintet de jazz, quatuor à cordes, ensemble vocal, etc.), à œuvrer sur les différentes plages, faisant de chaque composition une expérience assez distincte. Pas toujours évident ni charismatique, parfois ardu, mais résolument original.