Manu Hermia, Jazz For Kids
Publié par Philippe Schoonbrood le 15 décembre 2017
Manu Hermia présente Jazz For Kids
Livre & cédé audio
KIDS AVATARS
Jazz for kids n’est plus seulement un spectacle musical et un disque, mais, maintenant un livre-Cédé audio, avec de belles illustrations de la Liégeoise Marion Dionnet et une histoire (celle des trois petites souris) qui lie les différentes comptines entre elles, pour passer ainsi de Frère Jacques à Meunier tu dors ou La Mère Michel.
Le projet de Manu Hermia est de faire découvrir, aux enfants mais aussi aux parents, le jazz et, par-delà, l’architecture de la musique, cette combinaison entre mélodie, harmonie et rythme: “La musique, c’est comme le dessin. Imagine que tu veux dessiner une pomme. La mélodie, c’est le contour de la pomme, l’harmonie, ce sont les couleurs, le rythme le mouvement.. Avec la mélodie, l’harmonie et le rythme, on peut dessiner des émotions.” Avec ses complices, Pascal Mohy au piano et Sam Gerstmans à la contrebasse, Manu Hermia revisite 14 comptines différentes et Bonsoir tout va bien d’Yves Barbieux (du groupe de musique pour enfants Les déménageurs), comme s’il s’agissait de standards de jazz: “le jazz peut transformer, par l’improvisation, une simple mélodie en petit bijou musical“.
On découvre ainsi comment, à partir d’une simple comptine comme Une souris verte et grâce à l’improvisation, on peut varier les rythmes (Une souris verte et speed) et les émotions musicales (Une souris verte et triste, Une souris verte et libre). D’une plage à l’autre, Manu Hermia passe du saxophone ténor (C’est la mère Michel, Frère Jacques) à l’alto (Jingle Bell), au soprano (Sur le pont d’Avignon, Alouette) ou à la flûte (Meunier tu dors, Une souris verte et triste); tout en modulant l’instrument au gré des titres: ténor très swing pour Une souris verte et speed, flûte mélancolique sur Une souris verte et triste ou soprano allègre sur A la claire fontaine, à l’image de Coltrane sur My favorite things. Le tempo varie également : lent sur Petit papa Noël, il prend des allures free sur Une souris verte et speed. Manu Hermia laisse aussi beaucoup de place à ses complices : intro de piano sur Frère Jacques ou Il était une bergère, contrebasse sur Petit papa Noël ou Une souris verte et speed. Cette référence aux comptines avait déjà titillé plusieurs jazzmen : pour l’album “Goodnight bébé”, le guitariste Pascal Bréchet avait repris Frère Jacques et Do l’enfant do, en parallèle avec Water Babies de Wayne Shorter, A child is born de Thad Jones ou une Berceuse de Satie. Quant à Andy Emler, il s’est amusé à glisser quelques notes de J’ai du bon tabac dans l’architecture complexe de certaines compositions.
En cette époque vouée à l'”homme unidimensionel” décrit par Marcuse, notamment au niveau culturel, soit celui des medias (télé, internet, streaming) qui prônent le même hit parade pour tous et excluent systématiquement le jazz, une démarche comme celle de Manu est salutaire. Il ne faut pas croire que l’enfant est fatalement imperméable à la musique de jazz, il faut simplement lui permettre d’en découvrir la richesse et l’authenticité par une expérience personnelle : il suffit de voir de jeunes enfants, sagement assis au pied de la scène et parfaitement attentifs, comme c’est le cas lors de certains concerts à l’An Vert pour se persuader du contraire. Jazz for kids: un cadeau idéal pour Noël…
Claude Loxhay