Marcel Powell : Horizon

Marcel Powell : Horizon

Mogno

Terminer une journée en visant l’horizon avec une sorte de sérénité, c’est le sentiment qui se dégage à l’écoute des premières notes du dernier album de Marcel Powell. Marcel, guitariste brésilien, n’est autre que le fils d’un certain Baden Powell. Dans son jeu singulier et ses intentions on retrouve avec bonheur l’esprit et les messages du maître de la samba triste. Principalement en solo, Marcel Powell délivre des mélodies ensoleillées dans lesquelles émerge souvent une pointe de mélancolie. Sur « Pro Tião », il est rejoint par le tromboniste Roberto de Oliveira qui chante littéralement la mélodie, étonnamment proche de la voix humaine. Mais la « vraie » voix humaine, qui vibre sur « Bilhete » (de Ivan Lins et Vitor Martins) est celle de l’acrobate des vocalises David Linx. Incroyable de souplesse et d’autant d’émotions mêlées, joyeuses et profondes à la fois. Sur ce morceau vient s’ajouter subtilement Armandinho au bandolim (petite guitare que l’on retrouve souvent dans les choros). Sur les douze autres morceaux, dont les merveilleux – choix tout à fait personnels – « Milagre da Vida » ou « Segunda Ele é », Marcel Powell démontre (sans pour autant être démonstratif) toute sa science des rythmes folâtres et sa virtuosité, toujours au service de l’émotion. Voilà de quoi espérer de l’horizon et de tout ce qui s’y cache au-delà. Un petit bonheur musical ne se refuse pas, surtout par les temps qui courent.

Jacques Prouvost