Marcin Wasilewski Trio with Joe Lovano, Arctic Riff

Marcin Wasilewski Trio with Joe Lovano, Arctic Riff

ECM/Newartsint

Depuis quinze ans – son premier album date de 2005 – Marcin Wasilewski est un artiste ECM, fidèle à son trio composé de Slawomir Kurkiewicz à la contrebasse et Michal Miskiewicz à la batterie. Avec ce même trio, il a accompagné à de multiples reprises le trompettiste Tomasz Stanko. Sa formation classique poussée est toujours présente dans ses albums : « A sept ans, j’ai appris à enfoncer les touches du piano et pendant douze ans, j’ai travaillé énormément les valses et études de Chopin, Bach, les préludes, les sonates de Beethoven. En Pologne nous avons un haut niveau d’étude pour le piano et le violon. » nous disait-il lors d’une interview pour son troisième album chez ECM, « Faithful ». Côté jazz, les influences de pianistes comme Keith Jarrett ou Paul Bley sont parmi les plus marquantes dans son jeu. Bien qu’il précise : « J’ai toujours été intéressé par tous les jazz. Jouer Ornette Coleman fait partie du catalogue incontournable, comme Paul Bley. Leurs chemins se croisent et ma musique fait la balance entre le free et le jazz conventionnel. » Un équilibre bien senti dans ce nouvel album « Arctic Riff » avec, en invité, le sax-ténor Joe Lovano.

Si ce dernier nous a habitué à un jeu plus « latin » dans le sens chaleureux, enjoué et énergique, son passage chez ECM a quelque peu réfréné ce côté ténor fougueux qu’on lui connaissait. L’album « Trio Tapestry » (ECM2615) avec Marilyn Crispell et Carmen Castaldi a d’ailleurs étonné plus d’un de ses fans. Avec ce disque en quartet, l’atmosphère de la plupart des morceaux et leur profondeur, parfois sombre, dominent les onze compositions. Neuf écrites soit par le pianiste, soit par le saxophoniste, soit en écriture commune, et une reprise en deux temps de « Vashkar » de Carla Bley. Toujours plein d’élégance et de finesse, l’album captive de bout en bout, la spontanéité de Lovano s’éclatant sur quelques titres, et le trio emboîtant superbement le pas du saxophoniste. Et si le titre de l’album laisse penser qu’on a ici un disque aux riffs glaciaux, l’écoute balaie cette idée, tant chaque thème suinte d’une tradition contenue, mais présente de bout en bout.

Jean-Pierre Goffin