Martin Archer & Walt Shaw: Biyartabiyu
Les Flocons d’hiver
Chroniques inédites ou les disques qui ne pouvaient pas passer à la trappe
On commence par une petite présentation de ces deux musiciens. Martin est le patron de ce label de Sheffield, il est producteur, joue de nombreux instruments, mais principalement du saxophone et des claviers. Walt est un batteur et un percussionniste anglais dont la singularité est qu’il joue depuis de nombreuses années sur des instruments qu’il a conçus puis construits de ses mains ! Il amplifie aussi des objets (jouets d’enfants, feuilles métalliques, chaînes…) et agrémente ses percussions d’effets électroniques. Improvisateur reconnu, il a joué avec de nombreux musiciens de par le monde, notamment avec Lol Coxhill. Il a publié quelques albums uniquement disponibles en téléchargement, tout comme leurs pochettes ! Le titre de l’album de ce duo est tiré du langage hausa (ou haoussa) parlé dans le nord du Nigeria, pays dont Walt et son épouse sont proches. Les cinq titres des compositions sont eux aussi issus de cette langue. L’album a été joué et enregistré en une heure et en une seule prise. Aucune modification n’a été apportée par la suite. Une heure pendant laquelle les deux comparses ont improvisé. Walt martyrisant ou cajolant des percussions minimalistes, variées voire bruyantes derrière Martin qui a changé de saxophones sur les cinq titres. Passant, dans cet ordre, de l’alto, du soprano, du ténor, du baryton au saxello en clôture. Sur près de cinquante minutes, ils font résonner des sonorités d’une liberté assez sauvage, primitive. L’Afrique est conviée dans ces improvisations vierges, souvent tribales, qui peuvent évoquer le saxophone free d’Albert Ayler. Original dans sa démarche, audacieux dans son indépendance, cet album ravira les accros de musiques improvisées. Dernière info, les peintures de la pochette sont de Walt Shaw, un intéressant travail qui fusionne quelques pastels avec du charbon de bois ! On ne quitte pas leurs verbes favoris : imaginer et créer.