Martin Kohlstedt : Feld

Martin Kohlstedt : Feld

Autoproduction

Avis aux amateurs de couchers de soleil, aux nostalgiques de l’électronica et aux afficionados de la simplicité brute de la musique électronique des années 2000, cet album est pour vous.

Il y a plusieurs formes de minimalisme.

Il y a le minimalisme absolu. Le minimalisme où le moins est le mieux et où le reste devient superflu. Une sorte de réduction mathématique jusqu’à l’essence du tout.

Il y a le minimalisme formel, où la représentation physique et mortelle de l’œuvre se sublime dans son ascétisme et son caractère spartiate. Le moins pour épurer la lecture d’une position parfois complexe dans sa conception, mais simple et évidente dans son appréhension.

Il y a le minimaliste dans la conception, parfois signe d’une paresse intellectuelle, et camouflé dans la profusion et la multiplication des éléments de langages. Comme pour insister. Comme pour vous proposer d’emprunter toutes les routes qui mènent à Rome.

Le dernier opus de Martin Kohistedt nous propose un minimalisme qui se trouve aux confluents des minimalismes. La simplicité formelle apporte une aisance dans la lecture et l’appropriation du champ musical. Plus engagée encore, cette volonté de laisser les synthés vivre leur son sans se voir affublés de mille effets tous plus savants les uns que les autres, et pourtant tous destinés à habiller, voire travestir les sonorités si particulières des instruments emblématiques des années 2000. C’est ainsi que le son du Clavia Nord vous percutera dès les premières notes. Un matériel si reconnaissable et si familier ne mérite pas qu’on le relègue au dernier rang, et si possible derrière un arbuste, un lampadaire, une poubelle, dans les photos de groupe.

C’est ainsi que les mélodies, aussi originales soient-elles, apportent une familiarité, une proximité acquise, ce je ne sais quoi qui nous font nous sentir en terrain connu, ce côté rassurant d’une rencontre fortuite d’un vieil ami lors d’une réception supposée barbante et carrément envisagée comme telle, et dont la perspective se voulait ennuyeuse et monotone, mais se révèle être une véritable bonne surprise.

Ne cherchez cependant pas l’originalité à tout prix. L’efficacité de la simplicité reste le moteur de cette œuvre aux confluences de l’ambient, du sound design et de la musique néo-classique. Une balade au cœur des émotions tantôt vives, tantôt douces, pour nous amener vers une vision très épurée de la musique.

En concert le 23/04 à l’Ancienne Belgique (Bruxelles).

Quentin Perot