
Massimo De Mattia : Resonance
Ça débute timidement. Ça hésite. Ça oscille. Une flûte. Un souffle. A peine plus. Mais on perçoit que c’est déjà beaucoup. Que ça emplit, remplit l’atmosphère. Celle en l’occurrence du Makò de Cordenons, un complexe industriel de traitement du coton sis dans le Frioul, édifié au milieu du 19ème siècle, aujourd’hui à l’état d’abandon. En juillet de l’année dernière, Massimo De Mattia a déambulé dans ses entrailles désaffectées avec, pour seule compagne, sa flûte. Sur son chemin, il a glané quelques objets et matériaux obsolètes et cassés. Il les a laissés choir, non sans grâce, non sans un certain agencement. Leur fracas s’est invité dans le creuset de ses petites tentatives de mélodies. Un exercice sur la résonance qui parle d’un lieu qui n’est plus, mais dont l’écho subsiste encore présentement. Une suite en sous-sol en version minimaliste et chiche qui n’aurait pas déplu à Steven Brown de Tuxedomoon… Une excursion sonore que n’aurait pas reniée Michel Chion. Par le passé, nous avions souligné le travail de De Mattia au sein de son quatuor Suonomadre. Cette démarche est bien plus intimiste, pour ne pas dire intime. Pour autant, cette introspection ne cesse de nous interpeller sur le vide extérieur que peuvent laisser les grands ensembles monumentaux quand ils se retrouvent dépeuplés.