Massimo De Mattia – Suonomadre : Domicide
Depuis que John Cage et Morton Feldman en ont fait une de leurs marques de fabrique, l’indétermination n’est plus perçue comme une tare dans le logos musical, elle est devenue une façon de faire, un faire-valoir à part entière. Dès les premières minutes de cet album, on en prend la mesure, mesurant à quel point des musiciens, pourtant chevronnés, aguerris, s’ingénient à l’art de l’hésitation, de l’indécision. Comme si chacun attendait des autres un signe, un signal, avant de s’avancer, de sortir de l’ombre. Un mouvement qui prend parfois le temps de s’accomplir et que reflètent certains titres comme ce « Circular Conversation » qui s’étend sur plus d’une dizaine de minutes. Flûtiste autodidacte renommé originaire de Pordenone dans le Frioul, Massimo De Mattia incarne une des figures du « Nuovo jazz italiano », il a collaboré avec bon nombre de musiciens, italiens et autres (Giovanni Maier, Evan Parker, Lê Quan Ninh…). Son projet Suonomadre (littéralement, la mère du son) le voit évoluer en quatuor aux côtés du batteur/percussionniste Zlatko Kaučič, du pianiste Giorgio Pacorig et du marimbiste/percussionniste Luigi Vitale. « Domicide » est leur troisième album. Il entend délaisser le côté électronique expérimental qui caractérisait les deux précédents pour en revenir à une approche plus authentique, plus naturelle, que vient renforcer la présence d’instruments uniquement acoustiques. Le « domicide » est un concept tiré du droit international, il réside dans la destruction délibérée de logements contre la volonté de ses habitants et qui leur cause une souffrance. Nous savons tous ce que ce mot veut dire aujourd’hui…