Matt Carmichael : Marram

Matt Carmichael : Marram

Edition Records

Nombreux sont les jazzmen d’aujourd’hui qui puisent leur inspiration dans ce qu’on appelle de façon un peu vague les « musiques du monde » : influences indiennes, africaines, espagnoles, du Moyen-Orient se ressentent dans de nombreux enregistrements récents. Plus rares sont les artistes qui se réfèrent à leur propre environnement musical. Matt Carmichael fait partie de ceux-là. Né dans les Highlands d’Ecosse, Matt Carmichael s’est mis très jeune au saxophone et a déjà publié un premier album en 2021 intitulé « Where Will the River Flow », déjà inspiré par le folklore écossais, et qui lui a valu le commentaire « distinctive new voice » par la BBC, ainsi que l’intérêt du label majeur Edition Records pour son deuxième album sorti fin 2022. « Marram » est le titre de ce très bel album dont Matt Carmichael évoque ici l’intention : « J’ai l’impression qu’avec « Marram », j’ai une vision plus claire et une plus grande confiance dans le monde sonore que je veux créer et continuer à développer. Tout comme le littoral écossais, je veux que ma musique évoque une dramaturgie, qu’elle suscite une réponse émotionnelle, avec une ouverture sur l’exploration, pour transporter l’auditeur loin de la vie quotidienne, même juste pour un moment ». Exploration et émotion, le saxophoniste exprime sa musique avec une sincérité et une justesse aussi prégnante que ses compositions. « Marram » est un voyage sonore à travers les côtes, les lochs et les montagnes de son pays natal, accompagné du fiddle, le violon traditionnel de ses terres ancestrales, joué par Charlie Stewart qui apporte les couleurs locales à la musique, de Tom Potter aux drums, Ali Watson à la contrebasse et du pianiste écossais encensé de toutes parts, Fergus McCreadie (écoutez son solo sur « There Will Be Better Days »). Voici un album très personnel, mixant avec intelligence et sensibilité le folklore écossais et le jazz, sans qu’on n’ait jamais l’impression d’un collage. Tout coule de source dans la musique de Matt Carmichael et devrait susciter l’enthousiasme de tout amateur de jazz.

Jean-Pierre Goffin