
Maxime Bender, Joachim Kühn, Stéphane Kerecki & Daniel Humair : Infinity of Sound
Quand on a le bonheur et la chance de réunir sur scène deux légendes du jazz (Daniel Humair aux drums et Joachim Kühn au piano) ainsi que le très inventif contrebassiste français Stéphane Kerecki, on ne tergiverse pas longtemps et on fonce.
Le saxophoniste luxembourgeois Maxime Bender – certainement pas moins intéressant que ses prestigieux invités – a donc sauté sur l‘occasion et l’excitation se ressent dès que le quartette entame « Para », en live à la Philharmonie Luxembourg.
Maxime Bender prend le thème à bras-le-corps et, stimulé par une rythmique dense, ouvre alors la porte aux impros inspirées d’une contrebasse tranchante, puis d’un piano fougueux et erratique, et enfin d’une batterie éclatante ! Ce morceau plein de ruptures et de reliefs déchiquetés aurait pu continuer plus longtemps encore (près de quatorze minutes quand même) car il contient presque déjà tout. Mais il faut en laisser pour la suite. Pour « Expansion of Space », par exemple, dont le titre est assez explicite, qui permet des échanges incandescents entre piano et ténor, ou « Kyö » dont le lyrisme initial est traversé par le jeu brûlant de Joachim Kühn, décidément en très grande forme. Le pianiste se met encore en avant sur l’emblématique « Missing a Page » (écrit par lui-même et joué à l’époque avec Humair et Jenny-Clarck) lancé à cent à l’heure par Bender dans un jeu ultra sinueux. Le drumming est rigoureux et nuancé à la fois et Humair y injecte ici et là de légères touches de percus sèches et boisées. Tout se joue dans un échange très organique et fluide. L’entente est idéale et les idées se libèrent en temps réel. Tout le monde propose, débat, développe, invente et c’est aussi réjouissant que passionnant. Le quartette conclut cet album – témoin d’un concert unique à tout point de vue (rappelons qu’il s’agissait d’un « one shot ») – avec « Shadow and It’s Opposite » dans la douceur du soprano. On ne peut pas passer à côté d’un tel album.