Melanie De Biasio, Lilies
Melanie De Biasio, Lilies
J’attends le nouvel album de Melanie De Biasio comme on attend le printemps, au sortir d’un hiver bien trop gris ; avec la fébrilité de celui qui ne pourra réprimer les frissons qui suivront immanquablement l’écoute des premières notes entendues. Melanie a toujours espacé la sortie de ses disques de (trop) longues années : de ses premiers pas « A Stomach is Burning » (2007) à « Lilies », on en compte seulement trois… Oui, d’accord, « Blackened Cities », paru il y a un an, tourne toujours en ronds sur ma platine. Mais cet (hors d’)oeuvre culminait à vingt-quatre minutes à peine… Pas de quoi remplir l’estomac d’un fan affamé… Quoique ! Et j’ose énoncer Épicure ici : « Galette d’orge et eau dispensent un plaisir extrême, dès lors qu’en manque on les porte à sa bouche ».
Et c’est bien de cela qu’il s’agit : d’un festin frugal, d’une bande-son angoissée pour un hypothétique « Twin Peaks n°3 », de mains posées parcimonieusement sur les touches d’ivoire, de rares moments de battements… Le bouquet de chansons qui composent « Lilies » (en référence semble-t-il à la fleur de lys qui symbolise la ville de Bruxelles) a été cueilli dans un jardin de secrets intimes… Pas une note chantée plus haute qu’une autre (ou à peine… « Lilies »). Parfois, la mélodie s’accroche désespérément à un seul accord (« Brother », envoûtant!) ; parfois, il suffit d’un claquement de doigts pour que nous soyons possédés («Sitting In The Stairwell »). Enfin, il y a « Your Freedom Is The End Of Me », chanson promise à un Hit mondial, que je proclame « plus belle de l’année, voire de tous les Temps… ».
D’ailleurs, et même si ce n’était vrai, Melanie, on la devine paresseuse, féline au sauté du lit, s’étirant lascivement avant de tendre une main adagio vers un premier café serré En tout cas, c’est « l’effet qu’elle me fait », Melanie… Et son nouvel album en apesanteur me conforte encore un peu plus dans ce ressenti confortable… Ce qui fait onduler la chanteuse sur scène, dans des chorégraphies improbables, provient de la même source que ce qui nous fait chavirer dans nos fauteuils… On appelle ça l’émotion, et ça n’a ni prix, ni couleur, ni odeur… Aujourd’hui, ça a un nom : « Lilies ».
Joseph « YT » Boulier