Meshell Ndegeocello : No More Water – The Gospel of James
Meshell Ndegeocello est une femme de combats, une femme d’hommages aussi. Avec « The Omnichord », paru l’année dernière également chez Blue Note et qui obtint un Grammy dans la catégorie « Best Alternative Jazz Album » (sic !), elle se rendait hommage à elle-même, s’inspirant des archives de ses parents décédés tout en puisant dans ses souvenirs personnels. Une femme de luttes qui choisit le patronyme Ndegeocello (« libre comme un oiseau » en langage swahili) en référence aux combats qu’elle mène pour l’égalité des races ou pour se sentir libre de choisir son orientation sexuelle. Ici, elle nous rappelle à notre bon souvenir l’existence de l’écrivain new-yorkais James Arthur Baldwin (1924-1987), qui abordait déjà ces sujets de luttes en 1963 dans un recueil d’essais « The First Next Time » (que vous pouvez trouver en version française sous le nom « La prochaine fois, le feu » édité chez Gallimard). « No More Water » est un album qui évoque toutes ces thématiques présentes dans l’œuvre de Baldwin, notamment lors de « spoken words » qui jalonnent le disque et que l’on doit essentiellement à la poétesse jamaïcaine Staceyann Chin.
En découle un album qui crache le venin, généreusement (plus de septante-six minutes au compteur) … et avec une rare élégance ! Une nu-soul au sommet et au service de la « great black music » où Meshell assure le tempo et où le chanteur Justin Hicks distribue les frissons… La grande classe pour une petite claque !