Michel Meis 4Tet : Lollipop Moment
Quand le jazz s’associe aux synthés et qu’une série d’effets diversifiés vient compléter le tableau, cela offre aux musiciens un éventail de possibilités assez conséquent. Pour son troisième album en quartet, le batteur luxembourgeois Michel Meis use de ces multiples possibilités avec à ses côtés Alisa Klein au trombone et effets, Cédric Hanriot au piano, Rhodes et synthés et Stephen Goldbach à la contrebasse, mais également aux synthés. Si l’album s’ouvre sur une plage assez sombre et uniquement électronique (« Blue Hour »), le quartet nous emmène dans son monde avec une suite de morceaux jazzy, tous composés par Michel Meis. Ils sont régulièrement à la frontière avec d’autres formes musicales : jazz rock, dub, lounge, improvisations, space rock… Quand plusieurs éléments ne sont pas conviés sur un seul et même titre (« Puff Puff Puff »). Outre la virtuosité et la force ou la délicatesse du jeu du batteur, j’ai été personnellement séduit par les interventions de la tromboniste et les effets distillés au travers de la musicalité de son instrument. Le pianiste nous offre également toute une palette inventive au travers d’un jeu délicat, subtil, parfois plus effréné tandis que le contrebassiste s’assure de faire la jonction rythmique avec une belle efficacité. Même s’il y a des exceptions, ce qui émerge principalement de la musique de ce quartet, outre son indéniable talent, c’est d’avoir élaboré un univers assez unique, retenu, virtuose et quelque peu céleste, atmosphérique. Ou simplement délicat, comme sur le très beau « Heyday » où le piano et la batterie jouent à ne pas trop se perturber, juste faire le chemin ensemble, en toute simplicité. J’adore aussi particulièrement ce « Track the Crack » sur lequel de légers effets dub valorisent les interventions, quelque peu complexes, des quatre musiciens. Je vous recommande ce bel album feel-good.