Michelangelo Scandroglio : Gently Broken

Michelangelo Scandroglio : Gently Broken

Auand Records

Sur son second album, ce jeune contrebassiste italien, qui joue aussi de la basse électrique, nous propose une approche originale du jazz, dans le sens où il nous confronte à des normes de longueur des compositions en dehors des habitudes. Mais il nous propose aussi des fusions jazzy assez déconcertantes. D’abord il y a les longueurs : 14 titres pour 36 minutes, vous réalisez rapidement la moyenne de durée des titres. Sur le plus bref (0.49) ou le plus long (4.11) il ne retient souvent qu’une ligne musicale, un gimmick, une idée dans le but avoué de créer des « micro worlds », d’installer de brefs moments indépendants. A ses côtés, jouent un guitariste, un pianiste (et synthés) et un batteur également en charge des apports électroniques. Sur certaines plages interviendront des cuivres, des synthés, un mellotron, des tubular bells et un titre bénéficie du support d’une « beat production » presque jungle (« You-er Than You »). Sans oublier la chanteuse Liselotte Ostblom qui magnifie une composition jazz/soul/pop (« The Princess of Breaking Shadows ») qui perturbe l’ensemble. Mais outre ce titre relativement dans les standards, la musique semble être propulsée sur des obstacles pour mieux rebondir dans un autre espace. Ces brefs instantanés passent par du jazz, de l’électro mais aussi des improvisations, du classique, du scratch, du rock, du space, sans négliger le fait que les instruments soient perturbés par des effets, des samplings. Cela virevolte, s’assagit, plane, reçoit des bouillages noisy, de la densité, des rythmes effrénés, de la modération, passe de la belle progression mélodique au free puis fait l’aller-retour (« Premonition – Act II »). Même si toutes ces compositions vous semblent partir un peu dans tous les sens, il y a dans cette démarche une unité (que l’on ne découvre qu’au fil des écoutes) qui tend vers un même but, vers une finalité commune. Celle de nous surprendre en permanence avec de l’originalité et de la virtuosité. Surprenant et exaltant.

Michelangelo Scandroglio sera en concert au Brussels Jazz Weekend ce 25 mai.

Claudy Jalet