Miles Okazaki : Miniature America
Le titre est indiciaire. Il annonce un disque qui constitue un recueil de miniatures. Une grosse vingtaine dont la plupart sont de courte, voire de très courte, durée. Des mignonnettes dont la pleine saveur sonore se révèle dès la première écoute. Des chants parsemés, fragmentés se posent sur des éclats de cuivres, parfois de flûte, et s’imbriquent dans les interstices laissés par d’étranges petits phrasés de piano et de guitare. Pas de batterie, mais un vibraphone qui renforce l’aspect précieux, pour ne pas dire fragile, de ces fugaces madeleines. Les textes sont constitués par des phrases extraites de poèmes d’Emily Dickinson, William Blake, Lewis Carroll, William Carlos William, Derek Walcott et quelques autres. Un emprunt à « La Critique de la raison pure » de Kant est également crédité. « Miniature America », c’est aussi le titre d’une peinture d’Ed Ruscha qui a inspiré Miles Okazaki. Ce guitariste américain a dans le passé joué avec Steve Coleman, John Zorn, Henry Treadgill, Mary Halvorson, Jane Monheit et le batteur Dan Weiss (avec lequel il a fondé le label Cygnus Recordings sur lequel cet album est édité) pour n’en citer que quelques-uns. Okazaki est également connu pour avoir revisité, pour guitare solo, l’intégrale des compositions de Thelonious Monk, ce qui, en soi, s’avère une véritable prouesse. Sur ce disque, Okazaki s’est entouré de neuf musiciens et a exploité différentes techniques de studio pour en retirer un curieux substrat, à la fois abstrait, sculptural et poétique. « Miniature America » se profile d’ores et déjà comme un des disques les plus singuliers de 2024.