Naaljos Ljom : 2
C’est un vinyle curieux que celui-ci. À commencer par la pochette recto, révélant une œuvre plastique de technique indéterminée, perforée de quatre sphères identiques, ne comportant strictement aucune mention. Au verso, une photo noir et blanc délavée dévoile deux musiciens. Pour peu, elle pourrait avoir été prise il y a plus de soixante ans. Tous les titres sont écrits en norvégien. Seule la lecture des notes intérieures permet de nous instruire sur la démarche d’Anders Sundsteigen Hana et de Morten Johan Olsen. Le duo puise dans l’héritage folklorique traditionnel de la Norvège pour le revisiter et le réhabiliter malgré lui tout en y adjoignant des éléments purement contemporains. À la guimbarde, la cithare à bourdon et au violon s’incorporent une guitare électrique modifiée et des synthétiseurs analogiques. Cet album est leur deuxième. Il s’ouvre sur la voix posée d’Eivind Groven, un harmoniciste norvégien expliquant, lors d’un enregistrement radiophonique datant de 1937, ce qu’il faut entendre par « Falskt eller reint i Folkemusikken vår », ce qui en français pourrait se traduire par « Désaccordé ou accordé dans notre musique folk ». Une question de nuances subtiles sur les tons et les intervalles ayant donné lieu à d’intenses controverses entre musicologues… Plus loin, le duo emprunte à d’autres figures du patrimoine folklorique de leur pays en jouant et en se jouant des tonalités et des rythmes. Plus loin encore, c’est sur l’enregistrement de terrain d’une cascade que se love une mélodie retravaillée, elle aussi ancienne. Naaljos Ljom rappelle parfois dans sa démarche celle d’un autre duo, Cantenac Dagar, quoique ce dernier soit moins enclin au respect d’une tradition. Mention spéciale pour l’excellent travail défricheur du label Motvind, attaché à l’organisation du même nom, établie à Lillehammer, responsable de l’organisation d’un festival atypique et de l’édition d’un magazine.