
Nate Radley : Say It’s So
Basé à Brooklyn, le guitariste Nate Radley a enregistré son quatrième disque en leader pour le label danois SteepleChase avec un quartet composé du pianiste Gary Versace, du bassiste Jay Anderson et du batteur Adam Nussbaum. La musique est nonchalante, fraîche à certains moments, mais globalement sans pic émotionnel ni emphase dramatique. Chacun se la joue cool, laissant les mélodies se dérouler dans le son feutré du studio. Même Adam Nussbaum, qui a pourtant prêté son art à de bouillonnants artistes comme John Abercrombie, John Scofield et Michael Brecker, se montre globalement réservé avec un jeu certes efficace (écoutez-le notamment sur « Interception ») mais le plus souvent sobre. Le guitariste se réserve la part du lion : Nate Radley a un son clair et un phrasé fluide (on s’en convaincra à l’écoute de « Hardy Har Har » dont le dynamisme inattendu tranche sur le reste du répertoire) tandis que ses parties improvisées, tout en retenue, s’insèrent dans le confort d’un jazz de chambre sans frénésie.
La musique qui s’étend sur plus de 63 minutes va souvent de pair avec un tempo lent ou medium qu’on peut trouver alangui et parfois bucolique. C’est un peu comme si l’on écoutait une conversation entre des orateurs doués, maniant la parole avec éloquence mais sans verbe haut. En conséquence, le propos a parfois un peu de mal à s’inscrire durablement dans la mémoire. Certes, « Say It’s So » a ses bons moments, le groupe est soudé et l’atmosphère est agréable. C’est juste qu’un petit grain de folie supplémentaire aurait sans doute propulsé ce projet plus haut dans la stratosphère.