Natural Element Quartet : Premier Elément
Natural Element est un quartet parisien composé du guitariste Renaud Védie, du pianiste Franck Morin, du contrebassiste Clément Thirion et du batteur Patrick Chenais. Un premier album est toujours l’occasion de prendre la mesure d’un nouveau groupe, même s’il existe depuis 2017 et qu’il a rodé son répertoire sur scène. On notera d’emblée une caractéristique importante de cette formation : trois des musiciens sont compositeurs, chacun apportant séparément sa pierre à l’édifice en intégrant des éléments de son propre univers. Une approche préliminaire laisse entrevoir un jazz aux mélodies finement ciselées, une musique chaleureuse qui séduit par sa fluidité et son pouvoir apaisant. La première plage écrite par le pianiste Franck Morin est intitulée Bodies Are Flow, un titre approprié pour ces harmonies mouvantes sur lesquelles naviguent les solistes. Dans le dossier de presse, une référence est faite à John Abercrombie mais en ce qui concerne le guitariste Renaud Védie, c’est davantage Pat Metheny, son élégance, ses lignes claires et chantantes ainsi que son légendaire legato qui sont évoqués. Les échanges guitare / piano sont subtils, les deux sonorités distinctes s’entremêlant avec beaucoup de bonheur sur une rythmique aussi dynamique que légère. Pour représenter l’apport du contrebassiste Clément Thirion, on retiendra « Crépuscule Bleu », splendide composition qui embrasse dans sa globalité la vaste gamme des ambiances présidant à la nuit. Entre sfumato impalpable et romantisme discret, la musique débute peut-être dans l’azur, mais elle se prolonge dans un paysage en CinémaScope et Technicolor. Quant au guitariste, il est l’auteur de « Second Signe », une sorte d’ode au plaisir de jouer. Les solistes s’entendent à merveille pour installer un climat de sérénité tandis que les phrases de la six-cordes renvoient encore au phrasé musical de Pat Metheny et à sa manière de lier les notes. Mais ce ne sont là que trois des dix pièces originales, toutes réussies, qui reflètent les sensibilités particulières des différents compositeurs sans jamais compromettre la cohérence globale du disque. Arrivé au bout de ce « Premier Elément » sans aucune réserve à formuler, on ne peut qu’en recommander l’écoute.