Nduduzo Makhathini : uNomkhubulwane

Nduduzo Makhathini : uNomkhubulwane

Blue Note / Universal

Le pianiste zoulou Nduduzo Makhathini peut être considéré comme le chef de file de la jeune génération jazz sud-africaine. Après avoir enregistré 8 albums dans son pays dans les années 2010, Makhathini a fait ses débuts internationaux en 2020 en signant chez Blue Note. Ce « uNomkhubulwane » est son troisième album pour le fameux label après les très réussis « Modes of Communication : Letters from the Underworlds » en 2020 et « In the Spirit of Ntu » en 2022. Chez ce pianiste, par ailleurs guérisseur et éducateur, la musique va de pair avec un certain mysticisme (il parle du quartet de John Coltrane, avec McCoy Tyner au piano, comme une de ses principales influences). On pourrait donc, par facilité, classifier son art comme du « jazz spirituel », concept assez à la mode ces dernières années. Pas question de mode chez Makhathini, lui qui, depuis sa jeunesse, a consacré sa vie à une certaine religiosité. Pour cet album, le pianiste se limite à la formule d’un trio. Et c’est passionnant d’un bout à l’autre. Entouré du fidèle contrebassiste Zwelakhe-Duma Bell Le Pere et du batteur Francisco Mela, il nous propose une suite en trois mouvements et onze titres, qu’il a tous écrits. Encore plus que sur ses albums précédents, l’inspiration est très spirituelle (l’album est dédié à une déesse de la pluie et de la fertilité). Il explique « qu’il utilise les sons comme un moyen de communier avec des voix surnaturelles ». N’y voyez aucune forme de prosélytisme à travers la musique. On pourrait dire que Nduduzo Makhathini propose un gospel (avec quelques incantations vocales ou lectures du meilleur effet) qui explore et qui ouvre des voies même si musicalement, dans certains passages, on ne peut s’empêcher de penser à John Coltrane ou encore à Randy Weston, le tout dans une ambiance générale très africaine avec d’originaux effets percussifs.

Soyons clairs : comme pour ses albums précédents, voici une véritable perle, une œuvre novatrice. A coup sûr, un des deux ou trois albums de l’année.

Sergio Liberati