Neville Rowley : Rory Gallagher Irish Blues
Avec l’immuable chemise à carreaux et la Fender Stratocaster écaillée, nous tenons là les deux marqueurs visuels principaux du guitariste irlandais Rory Gallagher ! Puis il y a la musique. Celle qui vient du blues, qui évolue en blues rock, en rock rapide avec force de slide et de puissants solos de guitare. Rory joue aussi de l’harmonica, d’une mandoline qui apporte des accents de folk irlandais et diversifie la musique. Quelques fois, il a joué aussi du saxophone. C’est assez surprenant mais il était fasciné par Ornette Coleman et son free jazz !
C’est en 1965, âgé de 17 ans, que la vie du jeune Irlandais va basculer. Il assiste à un concert des Rolling Stones à Cork et reste pantois devant le jeu de guitare de Brian Jones. Surtout au moment où le groupe reprend « Little Red Rooster » de Howlin’ Wolf. Guitariste débutant, Rory intègre un «showband » (groupe de reprises qui anime les pubs) puis forme le groupe Taste avec deux copains. Leur premier album sort en 1969 et révèle un formidable guitariste. Le groupe tourne sans cesse, fait le support act du concert d’adieu de Cream au Royal Albert Hall (Yes était aussi à l’affiche), se lie d’amitié avec Eric Clapton qui engage Taste pour une tournée aux States avec Blind Faith (+ Delaney and Bonnie). En 1970 et après deux albums, le groupe se sépare pour diverses raisons : manager trop gourmand, le bassiste préconisait une orientation plus jazz… Rory va continuer sous son nom, publier des albums, souvent à raison de deux pendant les premières années et connaître la gloire. C’est un bosseur qui prend tout en mains, secondé par son frère qui, désormais, le manage, il auditionne malgré tout pour succéder à Mick Taylor dans les Stones, mais ne recevra jamais de réponse ! Il travaille tellement qu’il s’enferme dans son monde : on ne lui connaîtra aucune liaison amoureuse (féminine ou masculine). Il semble juste qu’il tombe amoureux de la femme du bluesman belge Roland et il s’installe dans la région gantoise pour être près d’elle ! Je tairai le nom de cette mannequin, mais sachez qu’elle exerce toujours, est toujours ravissante à 73 ans et, c’est mon instant potin mondain, elle est l’épouse du chanteur flamand Johan Verminnen ! Cela ce n’est pas dans le livre ! Ce qui y est par contre, c’est le choc qu’il ressent quand il voit les Sex Pistols en concert aux States. Dégouté, dépassé et sidéré, il rentre à l’hôtel et jette toutes les compositions qu’il est en train de peaufiner. Est-ce le début de la fin, toujours est-il qui vire hard rock sur l’album suivant « Calling Cards » produit par le bassiste de Deep Purple, Roger Glover. C’est aussi le moment où il commence à boire plus que de raison. Ajoutez-y les anxiolytiques et la croyance aux phénomènes paranormaux. Il déprime, sa popularité est en chute libre donc il donne nettement moins de concerts (un des derniers fut à La Luna à Bruxelles) ou les annule, sort des albums très moyens et malheureusement décède d’une cirrhose à l’âge de 47 ans en 1995.
Ce livre retrace toute sa carrière et propose l’analyse de 12 chansons au travers de la musique et des paroles. 12 titres comme les 12 mesures du blues ! On regrettera l’absence complète d’illustrations, par contre sa discographie officielle est bien détaillée, mais rien concernant des rééditions ou des albums sortis après son décès. Juste une remarque, l’auteur signale deux albums de Taste alors que j’en possède deux autres : « Live Taste » enregistré à Montreux et « Live At The Isle Of Wight ». Mais on ne va pas polémiquer là-dessus.
J’ai eu la chance de voir trois fois Rory Gallagher en concert. En 1971 à Bilzen ou après le concert de Larry Coryell, les deux guitaristes ont jammé sur scène, en 1972 au Pop Circus à Liège et en 1973 au festival de Reading en Angleterre. Nous allons donc illustrer cette rubrique avec mes précieux tickets de concerts. Dernier souvenir personnel, j’adorais son énergie, mais qu’est-ce que je prenais mon pied quand il empoignait sa mandoline ! Là-dessus, j’ai remis le « Live ! In Europe » de 1972 sur la platine !
Neville Rowley
Rory Gallagher Irish Blues
Le mot et le reste
17 €
ISBN : 9782384315321
160 pages
