Nicolas Stephan : Null
La première fois que j’ai écouté ce vinyle, c’était en 33 tours dès lors qu’il s’agissait d’un album. J’ai trouvé les sonorités étranges, alenties, mais jamais désagréables. En regardant le verso de la pochette, j’ai compris qu’il se lisait en réalité en 45 tours minute. Cette seconde écoute m’a donné un tout autre aperçu. Le son du saxophone de Nicolas Stephan devenait soudain plus clair, avec des tonalités moins étouffées. Passant du ténor à l’alto droit, Stephan joue également de la trompette et de la clarinette alto, mais aussi du synthétiseur semi analogique. Sur son site, il se définit comme musicien, compositeur, « presque chanteur » et comme un voyageur et instigateur de rencontres avec d’autres musiciens inclassables. Les trois pièces présentées ici s’appuient à la fois sur des compositions et des improvisations, « de temps à autre perturbées et augmentées de vinyles scotchés ou désaxés sciemment, de manière à obtenir des presque-boucles semi-aléatoires. » Cette démarche rappelle celle de Christian Marclay quoiqu’à la différence de chez ce dernier, les cuivres dominent le paysage sonore. Un travail qui « part de l’envie de tirer sur les fils du langage propre au saxophone, de chercher des timbres qui me sont vraiment personnels » commente Stephan. En face B, un invité officie à la batterie et à l’électronique sur le morceau inadéquatement titré “33” et le pulse de façon discrètement obsédante. Comme à l’habitude au sein du Petit Label, la pochette est confectionnée dans un carton qui tient bien en main.