Nihiloxica : Kaloli

Nihiloxica : Kaloli

Crammed Discs

Lors de l’interview d’Aksak Maboul il y a quelques mois, j’avais demandé à Marc Hollander, patron du label Crammed Discs, de me nommer son grand espoir pour les futures sorties de son catalogue. Et il m’avait parlé de Nihiloxica qu’il venait de signer. Un groupe formé par deux anglais adeptes de l’électronique (Spooky-J & pq) et par quatre percussionnistes ougandais (Nilotika Cultural Ensemble). C’est en 2007, à Kampala, la capitale de l’Ouganda, que les deux entités se sont rencontrées et ont décidé de fusionner. Après des mois de jam sessions de rodage, le groupe publie deux EP et dans la foulée part sur les routes européennes. Ils feront même le support act d’Aphex Twin. Kaloli (qui signifie « marabout » voir la pochette) est leur premier album qui nous propose une fusion, une rencontre relativement unique. D’un côté un ensemble de percussions traditionnelles comprenant de grands djembés, de petits tambours aux sons aigus opposés à de grosses caisses aux sons graves, et de l’autre, les synthés de la paire anglaise. Dès le premier titre le ton général est donné : synthés indus sur / sous fond de déferlantes rythmiques scandées. Des bruitages étirés venant de l’électricité affrontent les martèlements issus des peaux frappées. Les sonorités sont brutes mais chaleureuses, elles invitent à la danse tribale. Des images de fêtes africaines ancestrales nous percutent, le martèlement des pieds fait s’envoler la poussière, les bras se tendent vers les cieux, la transe est en cheminement… C’est vraiment très énergique. Les rares accalmies viendront d’une flûte africaine et d’une chorale de criquets ! Quant à la paire anglaise, elle cisaille l’ambiance avec des sons stridents, des saccades brutes, du vacarme ou des nappes d’électro . C’est vraiment une fusion inédite mais le principal reproche que je ferai à cet album c’est un manque de diversité puisque de nombreuses plages se résument à ces assauts sonores issus de l’électronique et des percussions. Sur les onze morceaux, trois (dont les titres sont des dates) font figure d’interludes, de transitions, de respirations. Mais je conseillerai malgré tout d’écouter ceci à petites doses. Il en sera d’autant plus efficace. Par contre je suis partant pour un concert, cette musique doit être irrésistible, folle, hypnotique à entendre en live. C’est là que ce groupe doit prendre toute sa dimension. On doit sortir d’un de leur show épuisé, sur les genoux !

Claudy Jalet