
Nils Petter Molvaer : Khmer Live in Bergen
Paru, il faut le dire, hors-propos chez ECM le 1er octobre 1997 sous la référence ECM 1560, « Khmer » a suscité dès sa sortie l’engouement inattendu d’un vaste public, qui contrastait avec le mépris des puristes. Hors-propos, car le label berlinois ne nous a pas habitué (à de rares exceptions près) à défendre ces couleurs-là, celles du nu-jazz qui fusionne jazz et musiques électroniques, à bonne distance de l’acid-jazz. Ce qui n’en avait pas amoindri le succès, tandis que « Solid Ether », paru dans le même état d’esprit deux ans plus tard, toujours chez ECM, passera davantage sous les radars. Pas de débat à mener à ce sujet, c’est bel et bien au nu-jazz que le trompettiste norvégien est associé. Il en revendique d’ailleurs le rôle de parrain, au même titre que les Wesseltoft et autres St Germain et comme la plupart des musiciens qui accompagnent Molvaer dans cette relecture organisée pour les beaux yeux du Festival International de Jazz de Bergen (« Nattjazz »), édition 2024. On pense plus particulièrement à Eivind Aarset et à Jan Bang, ce dernier étant le seul musicien absent des enregistrements originaux. Qu’on ne s’y trompe pas, « Khmer – Live in Bergen » rassemble sous le même label et de façon équitable des titres que l’on retrouvait à l’époque sur le légendaire « Khmer » et sur son petit frère « Solid Ether » (quatre titres chacun) ainsi qu’en clôture le plus récent « Maja ». L’interprétation qui en ressort ici en « live » est dynamique (bien que l’on puisse regretter la nette mise à l’arrière-plan du public), les grooves demeurent intacts. La musique qui avait séduit les plus audacieux à l’époque retrouve ici à nouveau le chemin de nos oreilles grandes ouvertes, ce qui la rend plus dansante et plus hypnotique que jamais.