Niton : 11

Niton : 11

Shameless Records

Il y a d’intrigants et passionnants moments à vivre lors de l’écoute du quatrième album (uniquement disponible en LP et digital) de ce trio formé en 2012 à la frontière de la Suisse et de l’Italie. La composition du groupe est pour le moins originale, inédite. Jugez plutôt : Zeno Gabaglio au violoncelle électrique, Luca Xelius Martegani aux synthétiseurs analogiques et El Toxyque aux « objets » amplifiés. Les trois nous immergent dans une musique électronique assez dépouillée, expérimentale renforcée, pour la première fois dans l’existence du groupe, par toute une série d’invités. Ils sont onze (d’où le titre de l’album) à intervenir sur les dix plages. Je ne vais pas vous les nommer tous, mais sachez qu’on y retrouve le saxophoniste anglais John Butcher, le percussionniste suisse Julien Sartorius, le duo Peter Kernel (pour info, ils seront au Bear Rock cette année), la claviériste suisse Beatrice Graf, la défricheuse française Olivia Louvel et le guitariste anglais Andy Moore (The Ex, Dog Faced Hermans). Au mastering de « 11 » on retrouve un autre nom assez connu puisqu’il s’agit de Henning Schmitz qui a collaboré avec Kraftwerk. Tous ces musiciens invités exercent dans diverses musiques et ils apportent leur singularité à l’exploration musicale instiguée par Niton. Explorations parfois improvisées, qui se veulent à la fois délicates puis soniques, mais qui maintiennent chaque fois de l’intérêt, car nous ne savons vraiment pas quelle direction la musique va prendre et quelle sera l’intervention de l’invité. Mélodique, bruitiste, free ? En fait, il y aura un peu de tous ces éléments en complément de la phase initiée et développée par le trio : des nappes vaporeuses un peu Dead Can Dance (« Noi »), d’étranges percussions, des sons graves, stridents, des bidouillages, de nombreuses intrigues… Un voyage perturbant duquel je voudrais extraire trois titres. « Everything Everywhere » avec sa rythmique plus carrée, plus alt rock imprimée par Peter Kernel, « Huella » sur lequel Andy Moore remplit l’espace avec sa guitare bruitiste, comme un assaut continu et l’étonnante dernière plage « Les larmes vont couler » avec un spoken word/chant africain d’Achille Ateba Mvondo soutenu de bruitages toujours aussi aventuriers. Un album à prendre comme un cabinet de curiosités sonores !

Claudy Jalet