NOVA : Elusive
Après un premier album intitulé « NOVA » sorti en 2020, Félix Zurstrassen sort aujourd’hui « Elusive » avec cette fois NOVA comme nom de groupe. Ce changement qui pourrait paraître anecdotique laisse pourtant entendre que le bassiste met bien l’accent sur le groupe et non sur sa personne, un détail mais qui reflète bien la personnalité de Félix Zurstrassen, musicien sensible et discret à la fois. Au line-up déjà alléchant du premier album – Nelson Veras, Ben Van Gelder et Antoine Pierre pour rappel – s’ajoute ici le pianiste britannique Kit Downes que nous avions interviewé pour son album chez ECM, et qui augmente encore la richesse harmonique des compositions du leader. Si sur le premier opus, il y avait le standard « April in Paris », « Elusive » contient uniquement des compositions personnelles, quatorze pièces marquées d’influences multiples, mais griffées « Zurstrassen » dans l’élégance, la finesse et la sophistication des arrangements. « Glowing Ride » ouvre l’album par une ballade fluide comme le courant d’une rivière des Fagnes, chaque musicien y apportant son flux intérieur romantique et dense à la fois. « Piece for Ape » nous laisse supposer par son final une filiation avec « NextApe », le groupe d’Antoine qui clôt la pièce de belle manière. Avec « Syatco », Félix Zurstrassen laisse Ben Van Gelder s’exprimer dans un idiome colemanien (Ornette !), alors que « Easy Peasy », dans un esprit latin, rappelle les élans de « La Fiesta » de Chick Corea. « The East Man », magnifique mélodie chantée par le sax sur les douces voix du piano et de la guitare, est une petite merveille de raffinement dont le tempo s’envole sur les moments d’évasion proposés par Van Gelder et Kit Downes. « Epilogue » sur les accords quasi religieux de Kit Downes dégage une atmosphère sereine et apaisante dans un court final. Il serait sans doute prématuré de parler de disque de l’année pour une galette qu’on écoute pour la première fois le deux janvier, mais voici un disque qui nous emporte de la première à la dernière plage et qui confirme les talents de compositeur et d’arrangeur de Félix Zurstrassen, musicien discret, mais ô combien lumineux, dont l’association avec tous les talents qui l’entourent relève quasi de la télépathie.