Oded Tzur : My Prophet

Oded Tzur : My Prophet

ECM / Outhere

Saxophoniste encensé de toutes parts depuis son premier album – celui-ci est le cinquième – Oded Tzur croule sous les éloges, et, honte à moi, voici seulement que je découvre ce nouveau phénomène du sax-ténor. Oui, j’avais lu des critiques élogieuses d’« Isabela », son album précédent sur ECM, des textes dithyrambiques allant jusqu’à citer Coltrane. La galette une fois posée sur le lecteur, c’est la surprise : 45 secondes de souffle solitaire intitulées « Epilogue », l’artiste ne manque pas d’humour, mais cette petite minute interpelle, pour ne pas dire qu’elle souffle, ce que Tzur fait admirablement. « Child You » a des accents de musique folklorique et une sonorité qui ici vous accroche l’oreille, Nitai Heershkovits ondule avec une fluidité magnifique dans les méandres de la composition, Petros Klampanis remplit l’espace d’une sonorité à la fois dense et claire. « Renata » au centre de cette douce mélopée vous emporte dans les sonorités du saxophone : à qui penser ? On parle de Coltrane, j’y entends plutôt le mysticisme d’un Charles Lloyd, avant que ne s’élève la raucité du maître du free, et puis l’apaisement par le maître Nitai, le souffle d’Oded, les cymbales de Cyrano Almeida qui succède à Jonathan Blake. Les onze minutes de « My Prophet » touchent au mysticisme, à la pure beauté du saxophone ténor ponctuée de quelques moments de douce intensité, c’est tout simplement magnifique ! Et puis, une petite promenade cycliste dans Paris apporte un moment d’allégresse en compagnie d’un Hershkovits inspiré pour une arrivée en roues libres. On souffle un coup et on se dit : Dieu que c’était beau !

Jean-Pierre Goffin