Overlapping Layers : Sikeltolódás

Overlapping Layers : Sikeltolódás

Intrification Label / Orkhêstra International

Il n’existe pas de clé pour ouvrir la porte d’entrée de ce disque. La porte est entrouverte, il faut juste la trouver. C’est d’ailleurs plus une affaire d’oreille que de serrure. Et plus exactement une affaire d’écoute. Une écoute qui requiert que l’on laisse derrière soi ses préjugés et ses conceptions, tant que ce qui se donne à entendre ici s’enchâsse mal dans un canevas déterminé. Cet album réunit le guitariste anglais Phil Gibbs, le contrebassiste Dominic Lash et le vocaliste belge Jean-Michel Van Schouwburg. Aux dérèglements des cordes des deux premiers, répondent ceux des cordes vocales du second. Lash recourt également à son archet, ponctuant ci et là d’à-coups son jeu. Gibbs parcourt son manche dans ses recoins les plus improbables, jouant et se jouant de dissonances passagères. Pour sa part, Van Schouwburg multiplie des onomatopées, les phonèmes, les chuchotements confondant pour mieux les fondre consonnes et syllabes. Entre errements et frénésie jubilatoire, cette musique ne repose que sur des « improvisations libres spontanées », « sans aucune forme d’arrangement préconçu ou de discussion préalable » se plaisent à le souligner les crédits figurant au verso. Voilà l’auditeur averti. Et si cela ne suffisait pas, pour ajouter à la déroute, Adam Bohman nous gratifie d’un texte collage dont les phrases énigmatiques reprises à l’intérieur de la pochette finissent par achever notre perplexité.

Eric Therer