Pat Metheny : Dream Box
Ce n’est certes pas la première fois que Pat Metheny enregistre un disque de guitare solo. « Dream Box » ne ressemble pourtant pas à ses deux albums acoustiques « One Quiet Night » (2003) et « What’s It All About » (2011) et encore beaucoup moins au bruit semi-organisé de « Zero Tolerance for Silence » (1992). En fait, il faut remonter jusqu’à « New Chautauqua », enregistré en 1978 pour ECM, pour trouver quelque chose de similaire à cette production : une piste avec les accords constituant la base harmonique du morceau et une autre piste pour les mélodies et les improvisations. La comparaison reste toutefois indicative car, en quelque 50 ans de carrière, le guitariste a développé son art de l’improvisation et de la composition jusqu’à atteindre une quasi-perfection dans une gamme très étendue de styles différents. Le titre de l’album, « Dream Box », fait référence au corps creux d’une guitare électrique de type « hollow-body » (comme celui de sa fameuse Ibanez signature PM2). Cette appellation argotique, courante dans le milieu des musiciens, prend ici tout son sens : chacune de ces pièces, composées sur plusieurs années et parfois oubliées dans un dossier informatique, contient de la musique calme qui fait rêver. On pourrait bien sûr s’amuser à évoquer des paysages imaginaires pour chacune de ces neuf pièces, mais ce serait un exercice un peu vain. Car le fait est que la musique très mélodique est tout du long introspective, nonchalante, alanguie et même, à certains moments, paresseuse sans pour autant franchir la dangereuse barrière de la complaisance.
Le style « Metheny » est immédiatement reconnaissable et ses envolées sinueuses sont toujours splendides. Les amateurs de six-cordes ne manqueront pas cette occasion de l’écouter dans un contexte aussi sobre et chaleureux. Pourtant, est-ce mon oreille habituée aux trios de jazz avec guitare électrique ? J’ai parfois le sentiment que l’absence de basse et de batterie engendre une impression de manque, un peu comme si on regardait une danseuse de Degas tourbillonner avec grâce sur une toile blanche sans aucun décor ni reflet.