Patricia Brennan Septet : Breaking Stretc
Des images de brumes cosmiques et d’éruptions volcaniques rougeoyantes ornent la pochette et le livret d’accompagnement du dernier CD de la vibraphoniste Patricia Brennan. Ce n’est pas une coïncidence, car la musique ressemble tour à tour à la bande sonore d’une métropole chaotique ou à un message encore indéchiffrable provenant d’une dimension lointaine. Pour son troisième album, elle a conservé le noyau du groupe précédent (le bassiste Kim Cass, le batteur Marcus Gilmore, le percussionniste Mauricio Herrera) qu’elle a étoffé d’une section de cuivres percutante (le saxophoniste alto et sopranino Jon Irabagon, le saxophoniste ténor Mark Shim, le trompettiste Adam O’Farrill). Avec cet ensemble, Brennan (John Hollenbeck, Michael Formanek, Matt Mitchell) parcourt les recoins souterrains et aériens du jazz. Des bandes sonores tirées de feuilletons télévisés des années 70 (« Mannix », « The Man from U.N.C.L.E. », « Mission Impossible ») donnent une touche nostalgique à l’ensemble. Ils ont pris l’accent bop-salsa dans les ruelles les plus dangereuses de Miami. De temps en temps, toute la bande disparaît dans un trou noir et envoie des signaux survenant d’un système inconnu. Le fait que Brennan soit une passionnée d’astronomie n’y est pas étranger. Ses exercices de composition stylistique sur la juxtaposition de dissonances et de consonnes renvoient à une autre de ses passions. Un jazz moderne et élastique poussé à son paroxysme. Uniquement possible avec une telle « dream team » de musiciens, et publié, non sans coïncidence, sur le label de Kris Davis.
Traduction libre : Luc Utluk